Le sorcier fou, revenu de l'enfer sain et sauf, frissonnait de peur ; il voyait un peu l'avenir et savait qu'Elric l'attaquerait. Alors il nomma la créature et elle s'éveilla. Bientôt elle goûterait l'appétissante saveur de l'âme humaine. La plainte du Géant du vent déchaîna le chaos sur toute la Terre, l'épée d'Elric se leva et s'abattit en hurlant un chant de mort. Le sorcier se rongeait les ongles en piaulant misérablement ; partout les combattants luttaient, saignaient et mouraient. L'épée noire, échappant au prince albinos, prenait racine dans les chairs, les tendons et les viscères ; elle gémissait de plaisir en lapant la substance des vivants. Elric n'était pas responsable, il jouait son rôle ; il était le Porte-Epee.

Flaubert a commencé par Salammbô, Moorcock par Elric. Né en 1939 près de Londres, il devient professionnel à seize ans, écrivant de l'heroïc fantasy, jouant de la guitare et dirigeant des revues de B.D. Puis il devient rédacteur en chef de la revue New Worlds, écrivain révolutionnaire, bientôt sans doute un des classiques de la littérature anglaise. Un talent aux multiples facettes, mais un seul univers décadent et baroque, une fin du monde goguenarde et bariolée.

Review

Encore une fois trois courts histoires de l'albinos maudit.
Certains aspects chronologiques sont apparemment peu respectés, mais ça n'est pas très grave. L'essentiel étant évidement de voir Elric livrer combat contre son gré pour des causes qui lui sont indifférentes, et tenter toujours de fuir l'influence de Stormbringer qui toujours le rattrape.
Je sais pas vous, mais moi, ces histoires courtes, intenses et passionnées me détendent terriblement : les gentils sont gentils, les méchants sont méchants, Elric tuera tout le monde et Stormbringer boira quelques âmes qu'Elric voulait épargner. Je le sais dès le début, et du coup je profite encore mieux du voyage.