In a not-too-distant future, the assassination of an all-powerful New York City Mayor has plunged the five boroughs back into a dangerous cesspool of crime, drugs, and prostitution. Professional prognosticator Lew Nichols joins the campaign team of a fast-rising politico running for the city's top office, and is introduced to a man who privately admits to being able to view glimpses of the future. Lew becomes obsessed with capturing the man's gift and putting it to use for his candidate, but struggles to accept the strict terms he arranges with his mentor ... and the unforgiving predetermination of the future.

Review

Ce roman nous raconte les (més)aventures de Lew Nichols, renifleur de tendances plongeant peu à peu dans les arcanes de la politique, et découvrant peu à peu qu’en plus des prédictions scientifiques qu’il peut fournir existent toute une catégorie de perceptions plus étranges lui permettant de franchir les limites du présent. Ce roman est très proche de link:9782253047353.html[L’oreille interne L'Oreille interne] par de nombreux aspects : la thématique de l’homme face à un pouvoir plus grand que lui, la situation sociale du héros qui se place peu à peu en rupture avec son passé, le décor d’un New-York contemporain (pour link:9782253047353.html[L’oreille interne L'Oreille interne]) ou presque (pour link:9780449135709.html[L’homme stochastique The Stochastic Man]). Pourtant, j’ai nettement plus apprécié le second que le premier, pour plusieurs raisons. D’abord, Silverberg se place ici au moment précis où le héros découvre son don et toutes ses implications (nous fournissant ainsi une chute(1) assez spectaculaire), ce qui présente plus d’intérêt, par les différentes manières que peuvent avoir les deux intervenants principaux (Nichols et Carjaval) de faire face à la réalité de leurs perceptions. C’est d’ailleurs peut-être grâce à cette dualité de personnalités que l’auteur arrive le mieux à s’affranchir des limites que présente link:9782253047353.html[L’oreille interne L'Oreille interne] (rédigé trois ans plus tôt), où les autres personnages disposant du don n’ont pas une importance aussi écrasante dans le récit. Ensuite, le contexte est beaucoup plus riche, et permet au héros d’espérer peser sur des événements beaucoup plus importants que ce à quoi le personnage de link:9782253047353.html[L’oreille interne L'Oreille interne] aspire. Ce qui est d’ailleurs formidable, dans ce roman, c’est la manière dont peu à peu le héros va se teinter du fatalisme issu de la prescience, que connaît déja Carjaval. Pourtant à la différence de son prédecesseur, le héros, lui, ne sera pas abattu par le poids de sa vision. Et c’est peut-être aussi cet optimisime mesuré qui donne au récit une part de sa force. Enfin, je n’ai pas l’impression qu’il existe beaucoup de romans se focalisant sur la prescience(2). En fait, quand j’y réfléchis, je crois bien que c’est le seul roman que j’aie pu lire concernant de manière principale ce sujet. Mais ça n’est pas grave, car ce roman est une véritable réussite, dans laquelle le sujet principal du roman n’excult pas la description d’un New York fantasmé, assez semblable par certains aspects à celui évoqué par Brunner dans par exemple link:9782253071808.html[Tous à Zanzibar] mais également issu des réflexions de Silverberg dans link:9782253072256.html[Les Monades urbaines], avec notamment cette formidable liberté sexuelle acquise. De plus certaines spécificités, comme la religion transitiste qui sert manifestement de repoussoir au déterminisme de la prescience, sont très intelligement trouvées et participent clairement à l’élégance du récit. Enfin, ce roman a le mérite, tout comme d’ailleurs link:9782253047353.html[L’oreille interne L'Oreille interne], de poser clairement la question de l’intérêt de tels dons : est-il intéressant, et même sain, de disposer d’un don de double vue total ? Le jeu en vaut-il la chandelle ? Personnellement, je me demande vraiment (à la différence de la télépathie, par exemple) si la prescience n’est pas acquise à un prix trop cher, quelquesoit ce prix. A moins que ce soit tout simplement que je ne suis pas prêt à un tel don. Bref, vous l’aurez compris, j’ai été séduit par ce bouquin, par son intrigue, son décor, les questions qu’il m’amène à me poser, enfin, tout ce qui en fait à mes yeux un grand Silverberg que je vous recommande très chaudement.
(1) Vous savez, les visions de sa mort…
(2) Vous me parlerez du cycle de link:../series/Dune.html[Dune] et je vous répondrai d’aller vous rabhiller. Dans ce cycle, la prescience de Muad’dib comme celle de Letho ne sont pas, à mon sens, des clés du récit. Ce ne sont que des moyens pour Herbert d’affirmer le statut plus qu’humain de ces personnages.