Born of a crack-addicted mother in a charity ward in Washington, D.C., after the ""crash,"" Job Napoleon Salk is destined to change the world.

Review

Ce roman est une terrifiante anticipation d’un monde où le libéralisme le plus échevelé, et aussi (surtout ?) le désir pour certains de conserver un mode de vie acquis , ont transformé le monde en enfer pour les couches déshéritées de la population (soit environ 99 % de celle-ci). On est loin ici de la science-fiction qui fait rêver à grands coups de voyages dans l’espace, de découvertes scientifiques délirantes, et tout à fait dans une grande tradition d’anticipation sociale qu’on peut faire remonter à link:../series/Daym.html[1984 Daym], par exemple. Toutefois, là où link:../authors/1045238.html[Orwell Cromwell] s’intéressait à l’instrumentation des foules (sujet toujours d’actualité(1)), Sheffield choisit, lui, de s’attaquer à quelque chose de peut-être plus important actuellement : le libéralisme et ses conséquences sociales. Et c’est une réussite absolument sinistre.
Toute la vie du héros est ainsi marquée par le fait qu’il soit né du mauvais côté de la barrière. Bien sûr, celle du roman se place entre la banlieue et le Mall, centre commercial devenu le siège du pouvoir politique(2). Mais elle n’est que l’évidente métaphore du fossé existant entre les pays développés et ceux en prenant la voie(3). Pour en revenir au héros, voilà un personnage fascinant. De sa naissance à sa mort, il ne peut que cultiver les handicaps, et pourtant se bat déséspérément, avec une rage de vivre qui ne peut que susciter l’admiration. Pourtant, je suis légèrement sceptique quant à ses capacités : entre ses problèmes de santé et son jeune âge, comment peut-il espérer survivre dans cet environnement, marqué par une loi de la jungle effrénée ? Peut-être – et il ne s’agit là que de la réflexion d’un lecteur, à ne prendre qu’au même degré que celles du café du commerce – de la même manière que survivent les orphelins dans les favelas de tous les coins du tiers-monde, loin d’une caméra occidentale qui ne pourrait que choquer les bonnes familles devant leur vingt heures, alors que le petit dernier redemande pour la troisième fois de la purée. C’est donc un roman à lire si, pour une fois, vous souhaitez essayer de vous mettre dans la peau d’un gamin des rues de Kuala-Lumpur, de Rio ou d’ailleurs.
(1) Et peut-être encore plus, maintenant que les moyens d’information permettent une manipulation tellement facile de l’opinion, comme le montrera sans doute bientôt le vote sur la constitution européenne.
(2) Et d’aucuns ont encore besoin d’avoir des preuves de la nocivité des lobbies
(3) même s’il est plus difficile d’avancer quand ceux du devant vous balancent leurs ordures à la figure.