Parce qu'il a mené des recherches secrètes sur les bio-chips, des ordinateurs biologiques vivants de la taille d'une cellule, Vergil Ulam, jeune et brillant généticien, est renvoyé de son laboratoire. Pour sauver le produit de son travail, il s'injecte les précieuses cellules, croyant pouvoir facilement les récupérer. Mais celles-ci se multiplient, pervertissent peu à peu leurs congénères saines, finissent par remodeler tout son organisme. Et l'inquiétude naît quand il se rend compte que cette maladie intelligente se transmet à une vitesse fulgurante. Les Etats-Unis, et bientôt la planète entière, vont vivre une apocalypse inédite. A la fois spéculation scientifique aux potentialités effrayantes et roman catastrophe dans la droite lignée de ceux de Stephen King, La musique du sang développe le thème de la nouvelle " Le chant des leucocytes ", lauréate des prix Hugo et Nebula, les deux plus hautes distinctions de la science-fiction mondiale.

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Review

Dans ce roman, tout commence assez bien pour se finir mal, horriblement mal. Et encore, quand je dis que tout commence assez bien, il faut être réaliste, le savant de la première partie de ce roman ne peut être assimilé qu’à un seul archétype : le savant fou. Et c’est sans doute la seule chose qu’on puisse reprocher à cette formidable extrtapolation de Greg Bear : partir d’un archétype. D’un autre côté, le propos de cette anticipation réaliste n’est pas là. Il est tout simplement de partir d’un scénario cohérent de développement de nanomachines pour explorer toutes les conséquences d’un ou deux dérapages dans leur utilisation. Et de ce point de vue, ce roman est à mon sens une réussite majeure. En effet, en partant de cette amérique contemporaine dont les images nous sont connues, il aboutit rapidement à une Terre(1) profondément transformée. Il y a toutefois un point gênant. Car à trop vouloir se concentrer sur les métamorphoses, l’auteur en oublie qu’un bon roman nécessite des personnages auxquels le lecteur peut s’identifier. Ces personnages ne peuvent évidement pas être les nanomachines, ni même le savant du début (dont j’ai bêtement oublié le nom). Il semble que dans la seconde partie, Bear s’attache un peu plus aux pas d’un des financiers du projet de recherche sur les nanomachines. ce personnage n’est toutefois pas le héros de ce roman, ce qui provoque, à mon avis, une légère frustration. Ou tout au moins qui a provoqué chez moi une petite frustation, rapidement oubliée dans le cataclysme que ce roman peut provoquer. Car le cataclysme n’est pas seulement dans yn qvfcnevgvba qr gbhf yrf unovgnagf (bh cerfdhr) qrf HFN, il est aussi dans une transformation de la vision qu’un peut avoir du monde et des différents modèles pouvant l’expliquer. C’est peut-être même là le point clé de ce roman. En effet, si la description des nanomachines est largement documentée et argumentée, le moteur de ce roman n’est pas la quête de ces machines pour une domination du monde, mais l’incompatibilité pouvant exister entre leur vision du monde, incompatibilité qui pourrait provoquer yn sva qr abger cnegvr qr y’haviref. C’est ce point, découvert dans le roman par un scientifique et les nanomachines, qui en précipite visiblement la conclusion, mais aussi, sans doute, de manière souterraine la plupart des rebondissements. Et c’est ce point qui fait de ce roman une lecture indispensable pour bien comprendre à quel point la science-fiction est une littérature mature, capable de partir de prémisces hautement scientifiques pour en déduire des conséquences philosophiques structurantes.

(1) Et j’insiste sur le fait que ce n’est pas simplement le continent américain qui change, même si l’Eurasie ne change pas physiquement.