Six mois de coma à la suite d'un accident de voiture sur le pont qui enjambe les eaux du Forth, voilà qui n'a rien d'excitant. Sauf qu'il vous reste la capacité de rêver à partir de ce qui subsiste de votre identité. Dans ce cas, vous pouvez construire un monde. Un gigantesque point, par exemple, un univers en soi, avec ses habitants, ses stratifications, ses rituels. Vous y serez un amnésique traité par le bon docteur Joyce, auquel vous raconterez vos rêves, effectifs ou forgés de toutes pièces. Vous y rencontrerez un barbare truculent, un inquiétant liftier, de joyeux ivrognes et surtout, surtout, la belle Abberlaine, dont les bas résille reproduisent les entrecroisements métalliques du pont. Vous y affronterez une bureaucratie cauchemardesque...
Jusqu'au jour où vous n'aurez plus qu'une envie : échapper à cet entrefer onirique pour retrouver... quoi, au fait ?
Le monde réel ou un autre produit de votre imagination ?
Review
Et zou, encore une critique spoilerisée, mais pas autant que la quatrième de couverture (qui soit dit en passant est une honte pour l’éditeur, Folio SF) qui révèle directement la fin de l’histoire, ne la lisez donc surtout pas.
Malheureusement pour moi, je l’ai lu, et je sais donc que dans ce roman de link:../authors/7628.html[Iain Banks], la réalité n’est pas ce qu’on croit. Il ne s’agit que d’un rêve, duquel le héros se réveillera à la fin. Naturellement, les plus dickiens d’entre vous me demanderont si le réveil mène à la réalité ou à un autre rêve … je n’en sais rien ! Toujours est-il que ce roman raconte la longue errance d’un amnésique, d’un barbare à l’ékritur franchment déliranth, et de quelques autres personnages que naturellement l’auteur va lier, d’une manière ou d’une autre (tout du moins c’est ce qu’on espère).
Est-ce de la sf ? Ben, moi je dirai oui, mais c’est à la frange du délire maladif. Il s’agirait plutôt d’une délicieuse uchronie dans laquelle un monde entier vit sur un pont, tout à fait fabuleux de bureaucratie et de réglements abscons. Et sur ce pont, le héros se promène, flâne, essaye de guérir son amnésie tout en vivant une vie somme toute banale. Cependant, le talent de l’auteur est suffisant pour nous accrocher aux périgrinations de ce brave Mr Orr, et surtout à son activité onirique qui est simulée ou réelle, mais qui n’est qu’une manière de voir la réalité dans les deux cas. L’intérêt de ce bouquin, c’est qu’il laisse de nombreuses questions sans réponses, questions auxquelles l’auteur ne souhaitera pas répondre dans une suite éventuelle (du moins je l’espère…) : qui est le barbare ? Comment le pont disparaît-il ? Bah, après tout, on s’en fout, on a bien assez à faire à suivre le héros, et surtout on savoure nettement plus que certains tomes de la Culture...