451 degrés Fahrenheit représentent la température à laquelle un livre s'enflamme et se consume. Dans cette société future où la lecture, source de questionnement et de réflexion, est considérée comme un acte antisocial, un corps spécial de pompiers est chargé de brûler tous les livres dont la détention est interdite pour le bien collectif.
Montag, le pompier pyromane, se met pourtant à rêver d'un monde différent, qui ne bannirait pas la littérature et l'imaginaire au profit d'un bonheur immédiatement consommable. Il devient dès lors un dangereux criminel, impitoyablement pourchassé par une société qui désavoue son passé.

Review

On y découvre donc un pompier, dans un monde futuriste et ignifugé, dont le métier n’est plus d’éteindre les incendies, mais plutôt de les déclencher, afin de brûler les livres, relicats d’une idéologie subversive contraire à l’idée de bonheur obligatoire promu dans cette société américaine future. Mais très vite, on constate que cette dystopie vit, ou survit, sur l’ignorance et le désintérêt des masses, c’est ce que va apprendre notre pompier, Montag, en rencontrant Clarisse, qui lui ouvre les yeux et lui fait redécouvrir les joies de la vie sociale, que la télévision a bannie de cette époque. Et cette ignorance perdure parce que tout le monde y trouve son compte : les citoyens sont heureux, les dirigeants sont heureux car les citoyens vivent dans le bonheur, bref tout le monde est heureux. Sauf…sauf le reste du monde. Car encore une fois, on est en Amérique, et le reste du monde n’existe ici que par les avions qui passent dans le ciel pour aller faire la guerre aux pays qui meurent de faim pour que les Américains puissent se vautrer dans l’ignorance. Rien que cette image suffit à rendre à ce livre toute son actualité. Quand en plus on y ajoute le fait que Montag, simplement en lisant et en refusant de voir ses livres confisqués, devient un criminel qu’il faut détruire, ou du moins dont on doit montrer l’éradiction, le parallèle devient saisissant avec la réalité. Mais peut-être n’est-ce même pas la peine d’en parler, tant l’image est évidente. Et c’est sans doute l’une des forces de ce roman, réussir à marier les thèmes de la sécurité domestique, et de l’abrutissement des masses, dans le même roman, afin d’en faire une oeuvre qui, depuis sa création, touche chacun de ses lecteurs grâce à l’actualité, qui permet de toujours faire remonter à la surface ces deux grands thèmes : la liberté de penser (ou de se cultiver, ce qui revient au même) et la sécurité physique et morale des privilégiés qui se bâtit sur le dos de tous les autres. En conclusion, c’est simplement l’un des plus grands classiques de la sf, à ranger à côté de 1984 dans la catégorie "ce futur qui nous veut du bien".