In a government-sponsored laboratory in Florida, Professor Henry Sevilla and his staff are studying the possibility of communication with dolphins. But Sevilla's lab becomes a pawn in a larger game -- that of military research; his discoveries are to be used for warfare. As the cold war intensifies, he and his staff are watched by two competing security agencies, and the United States finds itself on the brink of nuclear war.

Authors

Review

Première lecture



Aux frontières de la science-fiction et de la politique-fiction (comme le dit l’auteur dans la préface) ce roman est pourtant éminement intéressant, et ce à plus d’un titre. D’abord, et de manière évidente, pour sa thèse principale : que se passerait-il si un scientifique arrivait à faire accéder les dauphins à un langage humainement compréhensible(1) ?
Elle seule suffit à produire des situations assez facilement exploitables (en témoigne la saga de David Brin). Et son exploitation est, qui plus est, très intelligente avec les tâtonnements du héros (scientifique, évidement) et ses multiples questionnements. Par son écriture, ensuite, qui m’a rappelée d’une certaine manière celle du Festin Nu, avec ces phrases sans démarcation visible, ni entre les différentes propositions, ni même entre les différents intervenants d’un dialogue, ce qui est pour un partisan d’une écriture bien ponctuée comme moi très perturbant, mais indéniablement séduisant. Enfin, Robert Merle place son récit, pour une raison qui m’échappait initiallement, aux Etats-Unis. Dans la mesure où il le place également à une époque contemporaine de l’écriture, c’est-à-dire à la fin des années soixante, il est logique qu’on contexte géopolitique spécifique influence grandement le récit. Ainsi, la guerre du Vietnam, qui n’apparaît initialement que comme une toile de fond assez déplaisante, entre peu à peu dans le récit pour finalement rejoindre sa trame principale d’une manière assez tragique. Tragique, dans le récit, mais très agréable pour le lecteur, car ces dauphins, qui n’apparaissent tout d’abord que comme les jouets d’une expérience assez éloignée des nécessités de la guerre, deviennent d’un seul coup des armes on ne peut plus meurtrières. Est-il nécessaire d’en dire plus ? Sans doute, car ce roman est tout de même aux frontières de plusieurs genres, et risque donc de louper son public.
Pour moi, il s’agit avant tout d’un excellent roman d’anticipation, partant de postulats très intelligents, et posant avec beaucoup de style de vraies questions fondamentales, dont au moins une est implicite et, à mon sens, laissée intentionnellement ouverte par l’auteur : "Faut-il apporter le langage aux espèces animales ?" ou, dit autrement, qu’ont à gagner les dauphins et autres cétacés à nous comprendre ? Peut-être rien, mais en tout cas, ce roman offre une fascinante piste de réflexion.

(1) En l’occurence, l’anglais

Deuxième lecture



En ce moment, je me paye des tonnes de relectures de fonds de placards. Pour changer, et parce que je m’en souvenias plus trop, j’ai donc repris cette histoire de dauphins parleurs qui aurait pu inspirer Brin pour son cycle de l’élévation … Enfin, je dis ça juste pour créer un buzz inutile, parce que ça n’est pas le sujet de cet avis. Quand j’aurais fini de vous dire ce que j’en ai pensé, j’irais comparer avec mon avis précédent, pour voir comment j’ai évolué.

Toujours est-il que, cette fois-ci, j’ai été franchement déçu. je ne me souvenais plus que l’auteur faisait à ce point assaut de phrases mal construites, mal ponctuées, et tout bonnement illisibles. Je comprend bien que, dans de nombreux cas, l’auteur a utilisé ce procédé pour nous faire rentrer dans la tête des protagonsites et que, dans un certain sens, c’est un succès.

C’est un succès en un sens car on comprend bien les ressorts de ces personnages, leurs pensées les plus secrètes.

Mais c’est aussi un échec pour moi car, franchement, ce qu’ils pensent m’indiffère la plupart du temps, quand ça ne me révulse pas tout simplement. Qu’il s’agisse de C(1), d’Adams, ou d’autres, on a toujours l’impression, quand l’auteur emploie ce procédé, de tomber dans un marigot fangeux où aucune pensée n’est réellement intelligente, mais plutôt de l’ordre de la pulsion. Et, bien sûr, ces pulsions sont toujours à la fois sexuelles et empreintes d’une honte toute puritaine. (2). Et ça, c’est agaçant.

Surtout que ça ne sert vraiment pas le récit, l’alourdissant dans une couche moralisante qui n’est pas vraiment en rapport avec l’idée de départ, plutôt bien fichu.

Et puis, il y a les personnages. Entre la lesbienne, le métrosexuel et la mocheté, on est bien loti. C’est dit crûment, et c’est précisément ce qui manque à ce bouquin : un peu de clarté. Parce queles allusions, les sous-entendus, les bidules, les machins, et les choses, on s’y retrouve difficilement.

Et quel fouillis que ça nous fait, tout ça.

En fait, le bouquin a failli me tomber plus d’une fois ddes mains et vient de passer dans ma pile “à faire disparaître”. Pile où naguère se trouvaient les tomes de l’assassin royal, pour donner une idée du niveau où je le place maintenant.
Auto-débat


Pour rire, je vais comparer avec mon avis précédent. Dans cet avis, j’en disais pas mal de bien.

[un roman fascinant] Par son écriture, ensuite, qui m’a rappelée d’une certaine manière celle du Festin Nu, avec ces phrases sans démarcation visible, ni entre les différentes propositions, ni même entre les différents intervenants d’un dialogue, ce qui est pour un partisan d’une écriture bien ponctuée comme moi très perturbant, mais indéniablement séduisant


En vieillissant, on se sclérose, semble-t-il, ou alors je lis moins et suis donc moins tolérant. Toujours est-il que j’ai cette fois-ci trouvé le procédé artificiel, un peu grotesque et, surtout, complètement inutile dans le récit. Car jamais Sevilla n’a ces appartés (si, une fois, mais pas longtemps, et dans un moment de stress où c’est – presque – compréhensible). Et jamais ce procédé ne nous apprend quelque chose de plus signifiant que tiens, j’ai oublié de fermer le gaz..

Pour moi, il s’agit avant tout d’un excellent roman d’anticipation, partant de postulats très intelligents, et posant avec beaucoup de style de vraies questions fondamentales,

A la réflexion, je suis d’accord. Mais hélas, le roman est desservi par un style qui, franchement, n’apporte rien d’autre que des dizaines de pages inutiles.

(1) Cet espèce d’espion sur le retour
(2) Parce que comme le disait Anne Archet sur son blog pas plus tard qu’il y a pas longtemps,
Je ne sais pas pourquoi mais j’ai longtemps confondu les mots puritain et putain. D’ailleurs, il me semble toujours que les deux termes sont inséparables, ontologiquement liés.