Il s'appelle Kane.
Certains racontent qu'il est invincible, voire immortel ; que la pierre de sang qu'il porte au doigt lui confère un pouvoir surhumain. Il en est même pour affirmer qu’il aurait Jhaniikest, la sorcière ailée, pour maîtresse.
Il s’appelle Kane et ne se reconnaît ni dieu, ni maître. Seuls ses rêves de conquêtes et d’aventures le mènent de par le monde. Et aucun de ceux qui l’ont affronté en combat singulier n’est plus là pour s’en vanter.
Il s’appelle Kane et voici son histoire.
Le cycle de Kane – archétype de la fantasy héroïque – est considéré comme l'œuvre maîtresse de Karl Edward Wagner. Ce premier des trois tomes qui en constituent l’intégrale comprend deux romans : La pierre de sang et La croisade des ténèbres.
Review
La SF et la fantasy sont des littératures qui viennent de loin. Vraiment loin.
Et bien avant qu'on en vienne au [bool:trône de fer], on faisait de la vraie fantasy d'hommes pour les hommes, de la littérature d'un calibre même supérieur à celui de Conan le barbare. Parce que oui, je le dis sans ambages, Kane est plus tout que Conan.
Plus fort, indubitablement.
Plus rusé, sans aucun doute.
Plus intelligent, sans la moindre hésitation.
Plus méchant, cela va de soi.
Plus mal avisé dans ses choix, c'est l'évidence même.
Oui, Kane est tout cela, mais bien plus. Il est aussi immortel, déséspérément ennuyé par cette immortalité, et amateur du jeu de pouvoir, celui-là même qui fait tourner les têtes.
Ce livre contient deux aventures de Kane, "sobrement" intitulées "La pierre de sang", et "la croisade des ténèbres".
Dans le premier, Kane découvre lors d'une rapide une bague lui permettant de contrôler un antique artefact abandonné par une race ancienne abandonnée de ses dieux. N'écoutant que son génie maléfique coutumier, il va essayer d'asservir cet artefact pour contrôler l'humanité toute entière. Mais pris à son propre piège, il devra s'allier à ceux qui voulaient le détruire pour se libérer de l'emprise de la diabolique créature avant de s'enfuir.
Dans le second, une secte diabolique s'éveille dans un coin du continent et tente d'envahir le monde entier pour le soumettre à un dieu de ténèbres. Encore une fois, Kane va choisir de devenir leur général en chef dans le but de s'approprier leur empire. Et encore une fois, ses rêves seront brisés par des hommes de bonne volonté.
J'imagine que vous voyez comme moi une espèce de schéma répétitif ? le schéma est simple : Kane est mauvais. Méchant. Cruel. Dangereux. Et si il rêve d'une chose, dites-vous que forcément c'est une mauvaise chose.
J'ai longtemps rêvé de voir ce qu'un auteur pouvait faire d'un authentique méchant de BD. Vous savez, le genre de type qui passe son temps à essayer de conquérir le monde pour le mettre sous sa botte mais n'y arrive jamais. Eh bien je dois dire que Kane va au-delà de toutes mes espérances. En effet, grâce à une écriture incroyablement dramatisante (pas de grottes sans une obscurité moite, suintante et emplie de bruits menaçants, pas plus de ruines sans leurs chapelets de squelettes aux orbites vous dévisageant d'un oeil goguenard), un scénario raisonnablement correct, et des personnages tous plus grands que nature, on ne s'ennuie jamais en lisant ce roman.
Oh bien sûr, on pourra reprocher à ce roman de gare un manque de fond évident, mais là n'est pas son objectif. Son objectif évident et unique est de nous distraire, et il y arrive fort bien. Que ce soit quand Kane s'attaque à une horde de batraciens géants, quand il se dépêtre d'une bagarre d'auberge qui tourne mal, ou dans toute autre circonstance, il est clairement au-dessus du lot, et son cynisme même le rend parfois (faut pas déconner, c'est quand même une sale et vicieuse brute) plutôt sympathique. Mais je lui reprocherai plutôt de manquer de tripes. En effet, les combats entre humains restent la plupart du temps propres sur eux, et les autres activités humaines sont à l'avenant : les banquets sont vite expédiés, et il n'y a tout bonnement pas de sexe (alors que bon, face à cette espèce de fantasme pour hommes, il faudrait, non ?).
Mais bon, vous le voyez bien, lire Kane semble rendre idiot et diminuer mon niveau de lecture, et ça, c'est peut-être le plus dommage.
Ca n'est donc pas forcément une mauvaise lecture, pour les amateurs de Conan ou de Fafhrd (par exemple, si vous préférez le souricier gris dans leurs aventures communes, pas la peine de se plonger dans ce récit d'Epic Fantasy). Pour les autres, tous les autres êtres trop civilisés pour ne pas comprendre le bonheur qu'il y a à tenir l'ennemi au bout de sa lame, passez votre chemin !