Tous les hindous vous le diront, pour se débarrasser de ses péchés, il suffit de se laver dans les eaux du Gangâ, dans la cité de Vârânacî. Et, en cette année 2047, les péchés ce n'est pas ce qui manque : un corps aux ovaires prélevés glisse doucement sur les eaux du fleuve ; des intelligences artificielles se rebellent et causent de tels dégâts qu'une unité de police a été spécialement créée pour les excommunier.
Gangâ, le fleuve des dieux, dont les eaux n'ont jamais été aussi basses, se rue vers un gouffre conceptuel, technologique, évolutionnaire. ou peut-être tout cela à la fois. A travers le kaléidoscope de neuf destins interconnectés, Ian McDonald dresse le portrait d'une Inde future, mais aussi d'une Terre future, où tout n'est que vertige. Unanimement salué par la critique, Le Fleuve des dieux a reçu le British Science Fiction Award, le Grand Prix de l'Imaginaire, le prix Bob Morane et a été finaliste du prestigieux prix Hugo.

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Review

Difficile de décrire cet épais roman. Commençons par le décor : vous connaissez Varanaci ? Non ? Eh bien Wikipedia en dit

Varanasi (hindi, वाराणसी (vārānasī) [ʋɑrɑɳɐsiː]') ou Bénarès ([bɐnɑrɐs]) est une ville de l'État indien de l'Uttar Pradesh. Située sur la rive gauche du Gange, la ville est considérée comme l'une des villes les plus anciennement habitées du monde1. Dédiée à Shiva, elle est la capitale spirituelle de l'Inde et la principale ville sacrée de l'hindouisme.

Une fois muni de ces informations que je n'avais pas en lisant ce roman, inclute que je suis, vous comprendrez vite qu'il s'gait d'un récit vous plongeont au coeur de ce que serait une des plus grandes villes d'Inde d'ici quelques décennies, si le progrès suivait son cours (ce qu'il fait ... pour l'instant).
C'est donc une ville énorme, tentaculaire, grouillante de pélerins hindous, mais également de politiciens indiens (éventuellement musulmans, à cause de l'histoire indienne). C'est aussi, à l'époque du roman, une ville dont les scénaristes de séries sentimentales utilisent à fond la puissance de leurs IAs presque illégales (à cause d'une législation américaine des années qui viennent sur la limitation de l'intelligence des IAs) pour produire un scénario plausible dans la série, mais aussi pour ses acteurs (qui se trouvent être eux aussi des simulations). Bien, ça commence à devenir plus dense, j'espère.
Pour lutter contre ces IAs, il existe des flics Krishnas, armés de pistolets pouvant balancer des décharges électro-magnétiques détruisant les IAs.
Oh, et on y trouve aussi des neutres, humains souhaitant aller au-dela de la division homme/femme en se faisant gommer les traits sexués, et porteurs de programmeurs hormonaux leurs permettant de ressentir des émotions à la demande.
Et je pourrais évidement décrire encore et encore le décor, jusqu'à vous plonger dans l'espèce de tourbillon dans lequel ce roman m'a plongé. Parce que tout ça n'est qu'un dizième, peut-être, du contexte de ce récit. Et par contexte, je parle évidement juste du décor, et pas de l'action principale qui traite d'émancipation d'IAs, d'énergie du point zéro, d'univers parallèles et de notre monde vu comme une simulation. Autant dire que c'est touffu.
Touffu, mais bien fait.
En effet, en suivant des personnages de différentes strates sociales de l'Inde et d'ailleurs (parce qu'il y a évidement quelques américains dans ce foisonnement), l'auteur parvient à nous montrer la plupart, je pense, des facettes de la vie dans Varanaci. Et c'est étourdissant dans tous les sens du terme : trop de couleurs, trop de gens, trop d'émotions. C'est le vertige de l'Inde dans lequel on est plongé, un vertige qui, j'en ai peur, ne s'arrête pas forcément quand la dernière page est lue et le livre refermé. Enfin, un vertige, mais un ertige "contrôlé". Parce que malgré les innombrables personnages, malgré le côté totallement oppressant de l'Inde dans ce qu'elle a de plus embouteillé, l'intrigue est d'une clarté limpide (que je ne déflorerai pas ici) marriant avec une surprenante limpidité les mythes fondateurs de l'Inde (comme celui d'un temps cyclique) et certaines théories de physique fondamentale plutôt tordues (les unviers parallèles, les cordes sont conviées à ce voyage).
Ce qui donne certains passages qui m'ont laissé songeur, comme celui où l'un des personnages explique qu'il y a de fortes chances que notre univers ne soit qu'une "rediffusion" d'un univers ayant déja été joué par le simulateur contenant notre multivers, et que par conséquent toutes nos actions ne soient que des répétitions ... Ce qui, il me semble vaguement, fait partie des enseignements hindouistes (sous une forme ou une autre, hein).
C'est donc un univers foisonnant, multiple, dans lequel les personnages arrivent pourtant à arriver à une forme d'existence assez forte. J'ai par exemple ressenti un attachement fort pour la femme du flic Krishna et ses égarements dignes dyu meilleur Bollywood avec son jardinier, d'autant plus que rien de l'univers qu'elle ne voit, aussi bien chez son mari que dans son cercle social, n'est ne serait-ce que le dizième de la vérité. Ce qui donne d'ailleurs quelques beaux passages sur la place de la femme dans une société fondamentalement phallocrate, surtout de la part d'autres personnages féminins.
Bon, je pense que je m'embourbe un peu dans cette tentative de description. Je vais donc me contenter de dire que, si link:9782207111291.html[La Maison des derviches] est une oeuvre lumineuse tirant un grand trait d'union entre la Turquie et l'Europe, ce roman est un voyage dans une terre aussi étrangère qu'il est possible de l'être, et que par conséquent rien de ce qui s'y passe n'est parfaitement compréhensible, pas parce que l'auteur y serait trop mauvais, mais parce que la réalité qu'il décrit prend tellement de corps qu'elle impose son étrangeté de religion,d e coutume et d'être à un elcteur qui n'en demandait pas tant. En d'autres termes, ce roman m'a transporté à Bénarès. Et si je n'ai pas compris le décor, le sens de l'intrigue (d'une stupéfiante profondeur) m'a guidé dans un voyage que je ne suis aps prêt d'oublier.
Lisez donc cette histoire, pour me dire ce que vous en comprenez, pour qu'on comapre nos notes dans ce voyage étonnant.