Review

Dans la ligné des précédents tomes, voici donc une aventure de plus du jeune Potter, qui sort de l’enfance et nous donne donc des aventures un peu plus intéressantes… Enfin, façon de parler, parce que, sans doute pour la première fois, et malgré les évidents talents d’écriture de J.K. Rowling(1), j’ai eu l’impression que l’histoire était largement délayée au mileu d’un étalage de sentiments plus ou moins appropriés qui étaient jusqu’à présent l’apanage de l’apprenti assassin. En effet, les hormones semblent enfin s’être emparées d’Harry, qui ne néglige à peu près aucune occasion de passer pour l’adolescent tout à fait normal qu’il est, et bien sûr, l’auteur nous décrit avec un luxe de détails ses ruminations internes. Alors que … Alors que, dans le même roman, elle nous présente la dualité Harry-Voldemort sous un angle nouveau tout à fait intéressant que je rapproche justement de cette adolescence si désagréablement impulsive. Et ça, c’est un aspect du roman réellement intéressant, même si déja connu dans les genres qui m’intéressent. Je prend en effet ces cauchemars récurrents du jeune Potter comme une alégorie de son échec à passer à un âge plus adulte : peut-il résister à la tentation de suivre ce qui se passe de l’autre côté de la porte ? Peut-il même se rendre compte qu’il est tenté ? Peut-il, enfin et surtout, se rendre compte qu’il n’est pas le seul à se battre contre Voldemort et ses pulsions destructrices ? Ce roman démontre manifestement qu’il en est bien incapable. Heureusement, tout n’est pas si noir, car Harry se rend également compte que les adultes qui l’entourent, jusques et y compris Dumbledore, ne sont pas infaillibles. Et ça, c’est réellement une bonne chose dans des aventures de collégien qui, jusqu’à présent, ressemblaient quand même assez furieusement. Cependant, pour en revenir aux défauts de ce roman qui sont assez nombreux, je suis assez déçu de constater que l’auteur cède à la sirène des complots et des luttes de pouvoir à peine dignes du caméléon ou de mauvaises séries de fantasy (j’ai des tonnes de noms en tête, comme par exemple – encore une fois – l’apprenti assassin). Et ça, ça augure du pire pour la suite pour deux raisons. D’abord, parce que personne, mis à part peut-être l’ego de l’auteur ou de l’éditeur, n’a besoin de trois cent pages inutiles dans un roman(2), ensuite, parce que si, dès quinze ans et le cinquième tome, Harry se prend des arrivistes de mauvais goût dans les dents, il aurait affaire à quoi dans le dernier tome ?(3). Puisqu’on en est à parler des mauvaises choses, est-ce que vous vous êtes rendus compte à quel point les sorciers peuvent être d’une stupidité crasse ? Le ministre de la magie est un crétin fini, les mangemorts (y compris Malefoy) sont capables de lacer leurs lacets seulement avec le manuel (parce que bon, ils avaient largement les moyens de régler son compte à ce jeune imbécile d’Harry), et même Dumbledore est un peu naïf. Bref, c’est un bouquin qui a des tonnes de défauts, mais que j’ai quand même lu en moins de deux jours, ce qui est la preuve évidente de certaines qualités. Néanmoins, ce ne sont pas ces qualités-là qui le rendront indispensable à ma bibliothèque.
(1) Je parle ici de talents littéraires au même sens que, par exemple, Peter F. Hamilton. Il ne s’agit bien évidement pas d’une critique, mais plutôt d’une reconnaissance d’une forme de qualité dans l’écriture d’un récit, sans préjuger ni de sa qualité scénaristique, ni même de son bon goût. En clair, ce sont de bons faiseurs, ou leurs éditeurs font un remarquable travail de correction.
(2) Je dis 300 pages, mais, à mon avis, je suis optimiste. Si on enlève tous les passages traitant de cette ignoble Ombrage et de ses mauvaises manières, on doit aller largement au-delà.
(3) des affaires Clerastream, des enfants cachés, des comptes en Suisse, ... tout un tas de trucs parfaitement inutiles et redondants dans le combat qu’il mène contre Voldemort