Le chevalier assassin, Pierre Cordwain de Kosigan, dirige une compagnie de mercenaires d’élite triés sur le volet. Surnommé le « Bâtard », exilé d’une puissante lignée bourguignonne et pourchassé par les siens, il met ses hommes, ses pouvoirs et son art de la manipulation au service des plus grandes maisons d’Europe.
En ce mois de novembre 1339, sa présence en Champagne, dernier fief des princesses elfiques d’Aëlenwil, en inquiète plus d’un. De tournois officiels en actions diplomatiques, de la boue des bas fonds jusqu’au lit des princesses, chacun de ses actes semble servir un but précis.
À l’évidence, un plan de grande envergure se dissimule derrière ces manigances. Mais bien malin qui pourra déterminer lequel…
Dans la lignée des meilleurs romans de fantasy historique comme Le Lion de Macédoine de David Gemmell, Le Bâtard de Kosigan mélange avec brio la fantasy anglo-saxonne et l’histoire de France.
Fabien Cerutti nous conte, dans ce roman qui se lit avec beaucoup de plaisir, une aventure pleine d’humour, de panache et de surprises…
Review
Ce roman nous raconte une aventure du fameux bâtard de Kosigan, issu de la noblesse de bourgogne au XIVème siècle et désormais mercenaire installé à la tête d'une troupe qui écume l'Europe. Le sujet de leur engagement ? Participer à un tournoi de chevalerie en l'honneur du comte de Champagne . Enfin, ça, c'est le sujet initial. Parce que très vite, on se rend compte que ce tournoi n'est en fait qu'une façade pour un complot autrement plus complexe (et crédible, ce qui ne gâche rien).
J'ai beaucoup aimé cette histoire, pour des raisons somme toute assez simple.
D'abord, Kosigan est l'archétype du anti-héros sympathique : bâtard détesté par sa famille, mercenaire dans la noblesse bourguignonne, responsable d'assassinats et de coups tordus à travers l'Europe, c'est loin d'être un enfant de coeur. Pourtant, il se décrit dans ce récit comme un chevalier souhaitant avant tout éviter de faire couler le sang ... sauf quand on le paye pour ça. L'un des autres points marquants est sa capacité à mettre en oeuvre des plans sophistiqués, bien loin de la brutalité des hommes forts, qui m'a beaucoup, mais alors vraiment beaucoup, rappelé un autre noble aux moyens limités, avec lequel il partage une partie de son patronyme : Lord Miles Vorkosigan. Evidement, l'un se bat dans la boue à l'épée quand l'autre fait plus de politique intergalactique, mais dans l'ensemble, les limites de leurs moyens, leur force de séduction, et leur capacité à improviser des plans astucieux sont très semblables. Honnêtement, je ne serais pas surpris d'apprendre que l'auteur de ce roman est un fan du nabot spatial.
Une autre raison qui m'a fait apprécier ce récit est l'habileté du mélange entre réalité historique et fantasy : si on trouve des elfes, des nains et d'autres races, ceux-ci s'intègrent dans l'histoire européenne de la guerre de cent ans avec une certaine finesse, et ça donne à ce roman un curieux côté féérique que j'ai trouvé assez agréable.
Un côté qui m'a d'ailleurs rappelé Cendres, qui parle lui aussi d'événements curieux se passant pendant la guerre de cent ans, et qui parle également de ce qui arrive au comté de Bourgogne, mais avec un axe assez différent. Et là aussi, on retrouve des similarités importantes avec un souci de pertinence (plus que de vraissemblance) historique important, mais aussi une capacité d'imagination forte. On sent bien que la phrase d'Alexandre Dumas s'est bien inscrite dans l'esprit de l'auteur.
Je regrette en revanche légèrement la densité des infodumps qui parsèment ce récit et sont parfois assez fastidieux (le rappel sur les empreintes digitales, typiquement, m'a semble un point trop appuyé pour être parfaitement lisible).
Cela dit, dans l'ensemble, c'est une très bonne histoire qui me donne à la fois envie de lire la suite et d'en apprendre plus sur certains personnages de l'histoire (le prince noir et son épouse, ou le comte de Champagne).