2144. Jack Chen, une ancienne scientifique et militante antibrevets, synthétise désormais des médicaments pirates. Robin des bois des temps modernes, elle sillonne les océans dans son sous-marin, vendant ses produits à bas prix aux populations incapables de s'offrir les molécules originales. Mais sa dernière "création", dérivée du Zacuity, une pilule qui augmente l'attrait pour son travail, semble provoquer une addiction très rapide, et les morts se multiplient. Toutes les victimes se sont, littéralement, tuées à la tâche. Persuadée que ce n'est pas elle qui est coupable, mais la molécule originale, Jack va tout mettre en oeuvre pour le prouver et trouver un remède. Mais, afin de la faire taire définitivement, on a lancé à ses trousses un biobot militaire, Paladin, dont c'est la première mission sur le terrain.
Review
Ce roman est un roman cyberpunk à thèses (évidemment) qui sont accessibles par ses différents niveaux de lecture.
À un premier niveau, c'est une course-poursuite à travers le monde entre deux tueurs à gage de la propriété intellectuelle et une terroriste industrielle ayant piraté une drogue d'augmentation des performances rendant mortellement dépendant. Et en ces temps de pandémie, évidemment, lire une critique de l'application des brevets sur les médicaments est assez plaisant. D'autant plus que les mécanismes de ces médicaments imaginaires sont bien détaillées en termes de libération de neuro-transmetteurs. C'est donc un premier niveau avec un bon thème, pas mal d'action, et clairement les détenteurs de brevets sont des méchants lâchant des tueurs à gage sur des gens qui ne cherchent qu'à soigner les autres.
À un second niveau, c'est un livre sur l'autonomie légale. Notre couplé de tueurs à gage se compose ainsi d'un homme et d'un robot intelligent au look très "apple seed" qui est la propriété du consortium de la propriété intellectuelle. Face à eux, il y a la pirate, libre et sans attache que vont accompagner un esclave humain et un robot libre. Et chacun de ces personnages se pose des questions sur la valeur de la liberté. Ça, c'est un thème évidemment cyberpunk qui est habilement suggéré.
En parlant de cyberpunk, toute la quincaillerie est présente : des états remplacés par des groupements d'entreprise, des humains cyber augmentés, de la nourriture louche, des centres de pouvoir différents (Casablanca, l'Arctique), le réchauffement climatique, tout y passe.
Du coup, c'est un roman qui aurait tout pour me plaire, mais qui échoue à mon avis parce que les thèses de l'auteur dépassent sa volonté de raconter une histoire. Et les récits utilisant la fiction pour porter une thèse sur le réel me paraissent toujours une trahison d l'idéal d'une fiction qui raconte d'abord une histoire en y mêlant éventuellement des thèses, si elles portent du sens dans le récit (et pas dans la réalité).
Autrement dit, je n'ai pas trop aimé.