C'est un bon chien, ça. Des comme lui, on en voit peu. Car Socrate – ne riez pas, c'est son vrai nom – est un chien qui parle. Mieux : c'est un chien qui pense. Un chien philosophe, si vous voulez. Le genre à dire des phrases compliquées. Comme celle-ci, par exemple : "ce sentiment de saisir le réel pour vous le livrer en l'abîmant le moins possible est vraiment jubilatoire". Ça, c'est un chien de champion ! Au début du livre, il se présente comme un "demi-chien". Normal : il est la créature d'Héraclès, le fils de Zeus. Alors, comme Héraclès est un demi-dieu, Socrate est un demi-chien. Pour un chien philosophe, Socrate ne s'en fait pas trop. Sa philosophie à lui est d'une simplicité biblique : "Quand j'ai faim, je mange. Quand j'ai sommeil, je dors." Ah, la belle vie de chien que voilà ! Le reste du temps, il accompagne son maître adoré. Celui-là, ce n'est pas vraiment un philosophe. Plutôt le genre gros baraqué poilu, qui casse la figure aux poètes et conte fleurette aux femmes. Seulement, les femmes, c'est compliqué, comme chacun sait. Alors, Héraclès compte sur Socrate pour aller espionner leurs conversations et les lui répéter. Au lieu de rapporter un bâton comme n'importe quel canidé, Socrate rapporte donc les conversations des dames, tout simplement.

Un chien exceptionnel, on vous dit… Normal, puisqu'il a été créé par deux auteurs de bande dessinée assez exceptionnels. Le premier s'appelle Joann Sfar et on ne le présente plus. On lui doit déjà (entre autres) Le Chat du rabbin, Donjon, Professeur Bell, La Fille du professeur ou Petrus Barbygère. Ici, cet auteur foisonnant s'occupe du scénario. Et c'est son copain Christophe Blain qui dessine. Un garçon à suivre de près, ce Blain : son Isaac le pirate a marqué le Festival d'Angoulême 2002, où il a remporté le prix du Meilleur album. Avec ce premier volume de la saga de Socrate et Héraclès, ils signent un petit bijou de finesse, de drôlerie et d'intelligence. Et prouvent, au passage, que la bande dessinée peut tout faire et tout dire, pour peu que l'on ait du talent. Et qu'elle peut même se piquer de philosophie et de réflexion. Sur un cadre immuable – le fameux "gaufrier", soit six cases par page –, ils plaquent une succession de saynètes servies par des dialogues d'une concision et d'une efficacité exemplaires. Ils parlent du sens de l'existence, de l'amour, des femmes, de la frustration, de l'aventure… Bref, de la vie, quoi. Mais ne cherchez pas : un chien comme Socrate, ça ne doit pas exister pour de vrai. Quoique. Qui sait ? Après avoir refermé le livre (oh joie ! Ce n'est que le premier tome : d'autres suivront), peut-être ne regarderez-vous plus votre fidèle compagnon à quatre pattes avec le même oeil… --Philippe Actère

Review

Dans cette BD, on suit Socrate, le demi-chien, demi-philosophe d'Hercule.
celui-ci disserte sur sa soumission à l'autorité d'Hercule, dans un parallèle troublant à la soumission de la femme à l'homme, soumission qui n'est pas tant réelle que montée de toute pièce pour conforter Hercule, l'homme idiot, dans son rôle de héros.
J'espère que le second tome sera meilleur, parce que, ne me reconnaissant pas dans le personnage d'Hercule, je n'ai naturelleemnt pas vraiment compris tout le sel de ce récit philosophique. Qui plus est, le dessin de Blain m'émeut moins que les traits "tremblés" de Sfar.