Review
Ce livre raconte l’histoire de la recherche, par un journaliste sans scrupules ni commisération pour qui que ce soit, d’un médecin susceptible de sauver l’humanité. Comme d’habitude chez Resnick, il y a bien peu à attendre de l’humanité. Si Markham est un vrai fou dangereux, personne dans l’expédition n’est capable de s’opposer à lui, que ce soit pour défendre les Yeux-Orange ou même les autres humains. Il guide la barque d’une main de fer, semant la mort et la désolation sur son passage, et nul ne lui en veut, ni n’est capable de lui dire non. On retrouve cette notion d’une humanité perdue, indigne de tout, dans tous les romans que j’ai eu l’occasion de lire de Resnick. Est-il vraiment si négatif sur l’espèce humaine, ou est-il plus simple pour lui de décrire une humanité mauvaise, en espérant que la vraie soit un peu meilleure que celle qu’il imagine ? Mystère… Et comme d’habitude également, les mondes extraterrestres se parrent chez lui des couleurs de l’Afrique, et c’est ici le safari qui en prend pour son grade. Des tueries gratuites d’animaux aux massacres d’indigènes, rien ne semble pire pour la planète que ces chercheurs, qui ne sont là que pour scoop.
Et c’est là le troisième point fort : Markham est inhumainement sadique, mais c’est simplement parce qu’il recherche la grandeur. Assez étonnament, dans cette oeuvre, le pire des personnages ne l’est pas : il est le seul dont on puisse clairement donner l’objectif, et dont on sache réllement ce qu’il peut faire pour cet objectif : tout. Tous les autres ne sont que des faibles, qui n’inspirent rétrospectivement que le mépris et la colère.
Pourtant, et c’est là le plus terrible, ils ne sont que des gens comme les autres, qui savent très bien que désobéir à ce tyran sera dangeruex pour eux. Ils préfèrent donc, dans une piètre imitation des mécanismes de survie animaux, vivre un jour de plus dans l’environnement d’un fou dangereux, plutôt que de lutter pour se libérer de ce monstre. C’est quand même un excellent livre, qui vous plonge bien dans l’athmosphère étouffante du safari, avec ses pièges tendus en travers de la piste, ses ennuis de toute sorte, et surtout cette lente perte de toute civilisation, simplement parce que les hommes croient qu’ils sont libres, et maitres de tout.