Greg Bear prouve avec ce nouveau roman qu'il est le meilleur auteur de science-fiction américain du moment et, de surcroît, un excellent écrivain.

Dans «L'Échelle de Darwin», son précédent roman couronné par le prix Nebula, Greg Bear s'attaquait à un sujet classique: le mutant, l'espèce qui viendra après l'Homosapiens et le supplantera peut-être. Si celui-ci se laisse faire... L'opposition de l'ancienne à la nouvelle espèce est justement le thème des «Enfants de Darwin». On y voit les jeunes mutants (qui se caractérisent notamment par d'extraordinaires capacités d'empathie et de socialisation et des taches mobiles sur le visage exprimant leurs émotions) pris en chasse et menacés d'extermination par une humanité peu encline à leur céder la place...Outre l'habileté avec laquelle Greg Bear rend vraisemblable sa théorie de l'évolution, ce qui est remarquable dans ce roman complexe est la façon dont il développe, en racontant l'insertion dramatique des représentants de la nouvelle espèce dans la société humaine (en particulier américaine), une critique virulente des travers de notre époque. Le succès de «L'Échelle de Darwin» a sans doute été dû au lectorat féminin, d'habitude peu porté sur le genre. «Les Enfants de Darwin» devraient tout autant intéresser les femmes: elles y tiennent en effet la toute première place (l'héroïne est une courageuse mère acharnée à défendre sa mutante progéniture, la jeune Stella).

Review

Dans ce roman, on suit les aventures d'une ... famille américaine, dont la fille est une mutante. C'est-à-dire qu'il ne s'agit plus d'un homo sapiens classique, mais d'autre chose. Cette pauvre fille doit survivre dans un monde clairement hostile pour ces mutants, dont tout le monde a peur. Et bien sûr, cette ... famille, le père, la mère, et la fille, vont - quasiment à eux seuls - faire reculer les préjugés contr ces mutants.
Je gardais des précédents romans de cet auteur le souvenir d'un certain talent, aussi bien dans la construction de l'univers que dans le choix des intigues. Hélas, ça n'est clairement pas le cas dans cette histoire, convenue au possible, et utilisant les meilleures recettes du techno-thriller pourri à la Crichton pour nous imposer des stéréotypes particulièrement ... vomitifs. Cela va ainsi du bureaucrate ambitieux et sans scrupule au scientifique ambitieux et sans scrupule, en passant bien sûr par le politicien ... oui, ambitieux et sans scrupule. Au milieu de tout ça, la pauvre petite mutante est promenée de camp de concentration en laboratoire d'expérimentation sans réellement comprendre ce qui lui arrive.
La seule chose qui pourrait sauver ce roman, c'est la mutation. La mutation, un sujet pourtant déja largement rebattu dans les sphères SF, non ? Je sais pas, moi, je pense par exemple à Sturgeon ou au roman sur les quaddies de Mc Masters Bujold. Alors pourquoi Bear s'est-il sentit obligé de produire ce truc ? Ca m'échappe complètement. A priori, j'aurais envie de penser qu'il a cherché à élargir son lectorat en se plaçant dans un futur très immédiat, pour ne pas déstabiliser les fans de techno-thriller, justement, tout en peuplant son roman d'authentiques créatures SF que sont ses mutants. Malheureusement, je trouve que la sauce prend singulièrement peu. La raison ? A mon avis, principalement le fait que, en tant que parent, si on venait m'enlever mon enfant au nom d'un concept aussi débile que "l'hygiène publique", j'ai bien limpression que je préférerai encore me faire enfermer avec, plutôt que de le laisser croupir dans un camp de concentration.
Du coup, évidement, ce roman m'a plutôt déplu. Mais peut-être en ai-je loupé tout le sel, non ?