Au milieu du XXIe siècle, la cybersphère a envahi l'univers. Le virtuel a subverti le réel. La Singularité est proche, ce bouleversement de l'Histoire humaine, issu de la convergence entre informatique et nanotechnologie. Grâce à ses vêtinfs, ses lentilles de contact, chacun communique avec le monde entier, peut se déplacer sous forme d'avatar à l'autre bout du monde ou en recevoir informations et images. Le meilleur des mondes, ou presque. Et un monde dangereux.

Robert Gu, le plus grand poète américain, a sombré quatre ans plus tôt dans la nuit de l'esprit. Grâce à un traitement miraculeux, il émerge de son Alzheimer. Et peut quitter la maison de retraite de Rainbows End. Mais il va lui falloir retourner à l'école, se familiariser avec ces machines à distiller de l'information dont il s'est toujours méfié. Et si possible retrouver son génie enfui. Or lui, qui a toujours tant aimé les livres, découvre un horrible projet, le Bibliotome : tout numériser au prix de la destruction physique de l'imprimé.

Ce n'est qu'un des moindres dangers qui menacent le monde comme le savent trop bien Bob, son fils, colonel des marines, et sa belle-fille Alice, agent des services spéciaux qui a incarné trop de personnalités pour continuer à être elle-même. Pire encore, le Lapin rôde.

Vernor Vinge, spécialiste de l'informatique et inventeur du concept de la Singularité, nous dépeint un monde total de l'avenir, crédible, effrayant et séduisant, comme l'avait fait en son temps John Brunner dans son fameux Tous à Zanzibar.

Review

Dans ce roman, on suit les aps de Robert Yu, ancien poète atteint d'Alzeihmer auquel des procédés médicaux révolutionnaires vont changer l vie : sa maladie va disparaître et physiquement, en apparence du moins, ilv a rajeunir. Ce passage de la sénilité à la jeunesse va s'accompagner pour le lui de la découverte du monde du futur, en faisant un parfait candide dans ce monde de demain que nous décrit l'auteur. En effet, dans ce roman, plus que l'intrigue, certes intéressante et mettant en jeu "la civilisation telle que nous la connaissons", ce qui est fascinant, c'est le monde présenté, ainsi que l'apport des technologies de l'internet d'aujourd'hui : google, réalité augmentée, mondes virtuels, tout cela figure quasi-explicitement dans ce roman écrit en 2006.
On découvre ainsi que des choses comme l'école, la notion de groupe d'amis, les façons de gagner sa vie, tout cela est transformé dans ce roman qui est en quelque sorte un manifeste pour un futur harmonieux avec les technologies de l'information. Bien sûr, tout n'y est pas rose (comme par exemple cette notion de "matériel sécurisé" - j'ai oublié le terme exact, mais l'idée est que, comme pour une Freebox, le matériel informationnel standard ne peut pas être ouvert. Ce qui est parfois frustrant, parfois tout-à-fait impenssable.
Cela dit, la société décrite est, à mon sens, crédible pour plusieurs raisons.
D'abord, contrairement à ce que les romans cyberpunk classiques envisagaient, personne n'a besoin d'implants : la communication avec le cybermonde se fait à l'aide de lentilles de contact et de vêtements servant d'interface totale.
Ensuite, les structures de base ne sont pas modifiées. Il n'y a ni anarchie ni dictature qui a pris le pouvoir en amérique, et les structures institutionnelles demeurent (la police, le FBi, l'armée, les structures hospitalières, tout cela continue à exister, profondément modifié cependant par ce système d'information pervasif.
Enfin, si les concepts demeurent, la technique, elle, projetée dans un avenir lointain à l'échelle du progès, devient totallement incompréhensible. L'exemple le plus frappant de cette techologie "magique" est évidement le Lapin. Qu'est-il ? une interface ? une intelligence collective comme dans link:9782253121992.html[l'oecumène d'or L'Œcumène d'or] ? une intelligence artificielle ? un résultat de cette singularité dont l'auteur a forgé le concept ? Mystère. D'ailleurs, en parlant de singularité, j'ai trouvé fascinant l'idée qu'à un moment du récit, un des protagonistes explique qu'il allait utiliser une colle qui n'avait pas encore été inventée, mais dont il avait demandé la création. C'est à mon sens l'exemple le plus parlant de cette fameuse capacité de l'invention à s'accélerer à l'infini.
Vous vous en doutez, j'ai donc trouvé ce roman fascinant par bien des aspects, même si je trouve l'intrigue légèrement faible. Cependant, je ne vais pas bouder mon plaisir. Par rapport, par exemple, à Autremonde que j'ai lu juste afin, ce roman est infiniment meilleur.