Lawrence Newton, en ce XXIVe siècle, n'a qu'un désir, une ambition, sillonner l'espace galactique. Même s'il doit abandonner famille, fortune et pouvoir pour accéder à ce rêve. Vingt ans plus tard, alors qu'il est devenu un simple sergent pour le compte d'une des Grandes Compagnies, il lui semble avoir échoué sur toute la ligne. Mais sur la planète Thallspring, où Lawrence et ses hommes sont chargés d'appuyer un " retour sur investissement ", c'est-à-dire un pillage pur et simple, une légende persistante évoque le Temple du Dragon Déchu. Ce Dragon Déchu, s'il existe, serait un extraterrestre à la puissance colossale. Et Lawrence entreprend de monter, à l'insu de ses employeurs, sa propre petite expédition. Non sans risques.

Review

J'ai rarement eu un avis aussi mitigé sur un bouquin.
Mais avant d'aller plus loin, un rapide résumé ne peut pas faire de mal.
Dans un récit structuré par les flashbacks sur la vie et la carrière de Lawrence Newton, héros supposé de cette histoire, l'auteur nous conte ses mésaventures sur une planète où la société qui l'emploie va faire du recouvrement de créances. Enfin, c'est-à-dire qu'ils vont aller voler toutes les richesses des gens de cette planète pour retourner les vendre sur Terre, afin que l'investissement consenti dans la conquête de cette planète ne soit pas passé aux profits et pertes. Et, naturellement, les choses ne vont pas se passer si bien que ça.
Voici maintenant pourquoi j'ai un avis si profondément mitigé sur
ce bouquin.
D'abord, parce qu'il s'agit d'un bouquin d' Hamilton. Et que cet auteur maîtrise très bien son écriture (bien aidé par un traducteur qui ne le trahit pas vraiment, je crois). Comme pour L'aube de la nuit, les personnages sont bien campés, le quota de scènes chaudes est respecté(1), les technologies présentées le sont avec un luxe de détail qui leur donne une formidable crédibilité et le récit est habilement construit, intercalant avec une certaine maîtrise littéraire un Lawrence Newton adolescent désoeuvré et le même homme nettement plus mûr et nettement plus occupé. Malheureusement, cette construction (aussi bien de l'univers que du récit) tourne un peu à vide dans cette guérilla urbaine assez peu reluisante et franchement statique. Car il aurait fallu à ce récit un climat autrement inquiétant et glauque pour faire décoller cette histoire, en fait, le même climat d'angoisse qui suinte de L'aube de la nuit dès le deuxième ou le troisième tome. C'est peut-être simplement dû au fait que le scénario n'est pas assez costaud pour tenir la route, ou alors qu' Hamilton ne s'intéresse pas assez à son récit principal et trop à l'entourloupe sur laquelle je reviendrai plus loin.
Avant, il me faut évoquer l'un des aspects qui me plaît le moins dans ce bouquin : son côté libéralement capitaliste. Puisque j'ai vu hier soir Starship Trooper, ça me rappelle très précisément la citoyenneté de Etoiles, garde à vous. En effet, dans ce bouquin, toute la vie est conditionnée par l'actionnariat dans la société détenant votre monde. Ainsi, il n'y a pas de gouvernement, mais un conseil d'administration, et le droit de vote dépend directement des parts possédées. C'est d'ailleurs ce qui fait du héros un simple soldat : le fait d'avoir trop peu de parts pour monter en grade. Et, bien sûr, personne ne remet en cause ce système, ni même le fait que cette ploutocratie soit le seul système de gouvernement valable. Car, comme le disent plusieurs personnages, c'est la seule chose qui permette à la civilisation d'avancer et de ne pas être ralentie par les exclus du système.
De la même manière, cette piraterie intersidérale qui s'attaque aux colonies terrestres n'est finallement pas dénoncée par l'auteur. Bien sûr, Hamilton en définit clairement les limites, mais il ne semble poas souhaiter la fin de ce système, mis à part "grâce à la grande roue de la vie".
Bref, le postulat de civilisation est au mieux puant. Et ça influe très malheureusement sur l'histoire. Entendre parler des chiffres de la campagne de recouvrement quand il s'agit d'une opération militaire m'est par exemple très difficile. Mais il faut peut-être voir là un aléa de la société de consomation et une manière déguisée d'en fustiger les incohérences. Si c'est le cas, c'est fait avec trop de légèreté pour moi.
Passons maintenant au Deus Ex Machina par lequel l'auteur espère sauver son récit qui s'embourbe. Et donc à une partie de l'histoire qui commence après la page 600.
Ainsi donc, le dragon déchu qui donne son titre au roman est un oeuf de dragon extra-terrestre ? Super. Et ce dragon extra-terrestre (pardon, cet oeuf incomplet) donne la possibilité aux colons d'obtenir des modifications génétiques supérieures à ce qu'obtiennent les soldats avec leurs combinaisons de combat ? Vraiment génial.
Et finallement, toute cette histoire de résistance n'était qu'une mise en bouche pour ce voyage spatial ? C'est un peu gonflé de nous avoir pris 600 pages pour une mise en bouche, non ? Surtout quand le voyage est décevant, sauf lorsque les vrais dragons déclarent cet oeuf aussi important pour eux qu'un spermatozoïde l'est pour nous.
Et plus encore quand, finallement, grâce à cette technologie extra-terrestre, Newton ROT13ergbhear qnaf fba cnffé cbhe cbhibve nvzre yvoerzrag yn srzzr dh'vy n nonaqbaaé cbhe qrirave fbyqng.
Franchement, vous voulez mon avis ? La fin est à chier. A brûler, à pilloner, à désintégrer. Une merde sans nom qui me met dans une rage folle et fait passer ce bouquin de très bon à minable.
Maintenant, vous savez tout.

(1) Et il s'agit clairement là d'un quota visant à émoustiller
le lectorat