1918. L’Europe est aux mains des vampires. Commandant en chef des armées d’Allemagne et d’Autriche-Hongrie, le comte Dracula a juré d’anéantir l’Angleterre. Mais le conflit opposant les grandes puissances est aussi une guerre entre les sang-chaud et les non-morts. Pris dans la mêlée, Charles Beauregard, ennemi de longue date de Dracula, son protégé Edwin Winthrop et l’intrépide journaliste vampire Kate Reed se mesurent à la terrible menace volante qu’est le Baron rouge sang… Après Anno Dracula, qui a renouvelé le thème du vampire, cette suite, encore plus sombre, délirante et jubilatoire, nous offre une véritable relecture vampirique de la Seconde Guerre mondiale.

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Très chouette suite du fameux Anno Dracula en deux parties très distinctes.
La première partie est un authentique réquisitoire contre la guerre, et la seconde une enquête dans l'esprit d'Agatha Christie.
Je dois dire que, des deux, j'ai préféré la première.
Pour plusieurs raisons.
D'abord, au-delà de l'histoire sympathique, il y a une dénonciation claire de la guerre. En effet, que ce soit dans la vision d'un commandement avide de morts, comme dans la description de la vie du simple soldat, on voit bien que chaque échelon est, quoi qu'on en dise, responsable et coupable de la boucherie qui a lieu. La preuve, le brave Winthrop qui vit une mutation aussi dangereuse que spectaculaire pour s'abaisser au niveau de ces ennemis. C'est d'ailleurs lui qui citera la fameuse phrase de Nietsche : "quand tu regardes au fond de l'abîme, l'abîme regarde au fond de toi". Et franchement, dans un livre qui traite de l'horreur de la guerre, c'est parfaitement approprié.
Et puis les personnages sont, tous autant qu'il sont, parfaitement attachants :
Charles Beauregard en espion sur le retour, mais malin quand même.
La plus si jeune Kate aux idées quasi-socialistes.
Et même le glaçant baron Von Richtofen.
Ils ont tous un caractère parfaitement crédible, et qui ajoute pour le lecteur l'intérêt de cette histoire, qui est toutefois loin d'être inintéressante.

Du coup, le début de la seconde partie forme un contraste presque désagréable : fini l'ambiance très sombre de la guerre, on passe dans un huis-clos moins prenant, beaucoup moins prenant .. tout au moins au début.
Toutefois, et malgré le choix curieux de faire porter une partie de l'intrigue par la jeune Lydia, on s'attache peu à peu à cette enquête dans laquelle des vampires aussi millénaires que Cléopâtre tombent comme des mouches, jusqu'à une révélation finale sur l'identité du meurtrier parfaitement inattendue.

Du coup, deux histoires très différentes, exploitant avec un même plaisir, mais une construction très différente, le thème du vampire. Et surtout un point commun vraiment chouette avec Anno Dracula : dans une uchronie, quelle qu'elle soit, l'un des jeux les plus chouettes pour le lecteur est de retrouver des personnages, des situations, déjà connues. Et là, l'auteur joue avec plaisir de toutes les références du début du siècle. On retrouve donc Churchill, Poe, et j'imagine que même le coiffeur de la deuxième partie devait être une célébrité de l'époque.

Ca nous donne donc un roman enthousiasmant, malgré une première partie terriblement sombre, et qui n'est peut-être pas un chef-d'oeuvre, mais en tout cas un très bon divertissement pour les amateurs d'une certaine esthétique du vampire, dont je suis.