Tandis que les réfugiés climatiques s’entassent dans les favelas surveillées par des drones armés, les cliniques privées proposent aux plus riches des vies à rallonge. Un luxe qu’Irina peut s’offrir depuis qu’elle joue les intermédiaires entre ses clients fortunés et des intelligences artificielles devenues incontrôlables. Kern, lui, a fait de la rue son terrain de chasse préféré. Petit voleur passionné d’arts martiaux, il s’est spécialisé dans le recouvrement musclé. Quant à Thales, blessé dans l’attentat qui a coûté la vie à son père, il a fui son Brésil natal, mais sait que ses jours sont comptés car son implant cérébral se détériore inexorablement.

Trois personnages, poursuivis par des forces insoupçonnées et en danger de mort, dont les destins vont se croiser.

Riche, dense, ambitieux, Void Star est un hommage vibrant à Neuromancien. Yozone.

Une anticipation terriblement crédible, ancrée dans la logique des menaces contemporaines. Le Fictionaute.

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Laurent Queyssi.

Review

Ca faisait bien longtemps que tout le monde pensait que le cyberpunk était mort, mais apparemment, Zachary Mason a décidé de le ressusciter.
Ce roman suit donc une femme, Irina "JaiOublié", consultante spécialiste en étude d'IA. Parce que dans ce XXIIème siècle furieusement capitaliste, les IA ont pris une certaine forme d'autonomie, précisément à partir du moment où une IA en a codé une autre. Donc, maintenant que les IA sont incompréhensibles par le commun des mortels, il faut une humaine augmentée pour les comprendre. Et Irina l'est : sa mémoire naturelle a été augmentée et remplacée par une mémoire totale et cybernétique. Un ordinateur, en fait ... Cette mémoire parfaite lui permet de mieux comprendre les IA, d'une manière ... magique, disons-le comme ça. Irina est donc invitée par un riche homme d'affaire à étudier l'une de ses IA. Il s'avère que cet homme d'affaire, ce Cromwell, envisage sereinement l'idée d'être immortel. Et que leur collaboration ne sera pas aussi simple que prévue. Voire même conflictuelle, en fait.
Vous avez l'impression que je dévoile trop l'intrigue, j'imagine. Mais en fait, tout ça n'est que le début de ce roman qui met en scène, en plus d'Irina, deux autres personnages qui viendront collaborer avec elle à un moment.
J'ai des sentiments franchement mitigés sur ce roman.
Parce qu'il y a des éléments très positifs dans cette histoire.
En premier lieu, l'écriture est finement travaillée. On sent en effet que l'auteur a essayé de faire en sorte que chaque phrase soit correctement construite. Et à défaut de rendre la lecture facile, parce que les effets de style sont parfois un obstacle, ça la rend agréable. Sauf évidement quand son métier d'informaticien vient lui rentrer dans le lard avec des références inappropriées, comme le titre du livre, pour lequel il fait vraiment un clin d'oeil façon "hey, t'as vu, t'as vu, je connais le langage C".
Ensuite, les thématiques abordées, et en particulier la nature de la mémoire et son lien avec la personnalité, sont particulièrement intéressantes et finement envisagées. Par exemple, la mémoire eidétique d'Irina et le fait qu'elle n'oublie jamais rien a des impacts intéressants, et qui sont bien décrits. Dans le même ordre d'idée, le fait de comprendre complètement un concept et de ne pouvoir résumer cette compréhension est une sacrée difficulté habilement présentée. Et je pense en plus que la faible émotivité des différents personnages a un lien avec cette mémoire numérique ... à moins que ce ne soit un moyen pour l'auteur de passer par-delà ses propres limites littéraires.
En revanche, il y a un clairement un point faible, et hélas c'est un gros point faible. C'est l'intrigue, bien sûr. J'ai eu l'impression de voir une espèce de voyage semblable à l'Incal dans un décor cyberpunk. On voit ainsi les personnages aller d'un endroit à un autre et, au fur et à mesure de ses voyages, perdre en substance. Qui plus est, les choses m'ont semblé perdre en crédibilité. Et pourtant, je n'étais pas spécialement exigeant au début.
Ca me rend dans le fond mitigé. De bonnes idées, mais une exploitation nettement en-dessous de ce que j'attendais.