Un monument de la littérature de l'imaginaire, une œuvre culte.






Titus d'Enfer (1946) – Titus dans les ténèbres (nouvelle, 1956) – Gormenghast (1950) – Titus errant (1959)
Dans le château de Gormenghast, aux proportions si démesurées que des parties entières restent inexplorées, vit la famille Tombal : lord Tombal, comte d'Enfer, neurasthénique et plongé toute la journée dans les livres de sa bibliothèque, Lady Tombal, la comtesse, qui se partage entre ses chats et ses oiseaux, leur fille Fuchsia, adolescente solitaire et imaginative, d'autres membres et pléthore de notables et gens de maison, tous plus pittoresques, voire grotesques, les uns que les autres. Ce petit monde est régi par des rites et des traditions immuables et compliqués. L'histoire commence alors que naît Titus, 77e comte d'Enfer, dans l'indifférence générale. Parallèlement, le jeune Finelame s'échappe des cuisines où il était commis ; malin et manipulateur, il investit peu à peu le château et va en briser l'équilibre précaire, par l'incendie de la bibliothèque tout d'abord, qui va mener le comte à la folie, puis à la mort.
C'est dans cet univers déconcertant, baroque, halluciné et presque maléfique que grandit Titus, qui s'accommode de plus en plus difficilement du cérémonial du protocole et rêve du monde extérieur, lui qui ne connaît que le château. Le dernier volet, Titus errant, le voit fuir Gormenghast et partir à la découverte d'un ailleurs qui lui est complètement étranger et dont il est exclu.
Véritable monument de la littérature anglaise, le cycle de Gormenghast est l'exemple même de l'œuvre-culte, objet de vénération par plusieurs générations de lecteurs ; bien qu'il soit difficilement classable, le cycle s'apparente à la Fantasy pour l'univers extravagant qu'il décrit, même si la magie en est absente. L'auteur réussit le tour de force de bâtir une œuvre d'une incroyable richesse visuelle, à la fois angoissante et farfelue, poétique et désopilante. Elle est servie par la magnifique traduction de Patrick Reumaux, poète et romancier, qui signe également la préface.



Authors

Review

Cet omnibus reprend quatre récits mettant en scène Gormenghast et Titus d'Enfer.

Titus d'Enfer
Ce premier roman nous plonge dans l'univers fantastique et onirique de gormenghast.
Ce château énorme est rempli de personnages totalement incroyables, et pourtant décrits avec un réalisme qui force l'admiration du lecteur. D'ailleurs, ce ne sont pas seulement les personnages qui bénéficient de ce traitement littéraire exigeant, mais l'ensemble du récit.
Ça n'est pas dans conséquences, puisque les 400 pages ne sont pas toujours des plus faciles à lire. Mais ça donne des phrases toujours bien tournées, une construction stylistique irréprochable, et qui permet même à l'auteur quelques libertés chronologiques. Autrement dit, c'est bien, mais ça n'est pas une lecture facile.

Titus dans les Ténèbres
Dans cette assez courte nouvelle, Titus fuit Gormenghast pour se retrouver plongé dans une intrigue totalement issue du monde du rêve, qui verra un homme bouc et un homme hyène le livrer à une espèce d'esprit agneau. Il s'en tirera, après un courage qui l'aura à nouveau mené à travers les paysages délirants de l'auteur.

Gormenghast
Dans ce second tome, les machinations de Finelame se rapprochent de leur conclusion, Titus grandit, et se découvre une haine pour son héritage, et bien d'autres choses de passent dans le monstrueusement énorme château.
J'ai bien aimé les disons du début, et certains membres du corps professoral m'ont beaucoup plu malgré leurs rares apparitions. Et la conclusion, malgré ses relents épiques, dégage une certaine forme d'élégance. Et je crois que je me suis, après à peine 400 pages, enfin acclimaté au style de l'auteur.
J'ai l'art conséquent bien plus apprécié ce tome que le premier. Mais est-ce moi qui ai changé ? Est ce le livre qui est suffisamment différent ? Je n'en sais rien.

Titus Errant
Titus erre loin de Gormenghast. Du coup, l'auteur prend beaucoup de liberté, et personnellement, j'ai perdu pied au bout de la troisième partie dans rapport avec les précédentes. C'est donc un abandon, ce qui est assez rare pour être noté.

Conclusion
Je pensais que les vacances seraient un bon moment pour attaquer ce pavé qui a donné à Moorcock le goût de l'écriture. Hélas, j'ignorais que l'auteur était aussi désinvolte dans son traitement du récit, aussi détaché des réalités de l'écriture et, pour tout dire, aussi barré. D'habitude, ça n'est pas quelque chose qui m'échaude. Mais je dois bien reconnaître que je préfère les récits concentrés sur une intrigue, ce qui n'est clairement pas le cas ici. Du coup, j'ai beaucoup souffert de cette lecture et je le regrette.
A mon avis, Titus d'Enfer est correct, Gormenghast assez bon, et les deux autres dispensables.