Sur Ariéka, planète à l'air irrespirable aux confins du monde connu, Légationville est un comptoir commercial et une enclave humaine alimentée en oxygène. Ici, les Ariékans, appelés les Hôtes, et les Humains cohabitent en paix. Pourtant, la communication entre eux est délicate : les Ariékans, bien que parlant par deux bouches, ne connaissent qu'un niveau de langage ; le mensonge leur est inconcevable et toute forme de métaphore, inintelligible. Seuls les Légats, paire de clones humains élevés et appareillés en symbiose, peuvent échanger avec les Hôtes. Et un Légat improbable vient d'arriver en ville, chargé d'imposer les nouveaux plans du Bremen. Par tous les moyens.
Review
Les romans de China Miéville ne sont pas forcément faciles à lire ou à commenter. Et celui là me paraît excessivement délicat à présenter.
Donc, légationville est un comptoir commercial fondé sur la planète natale d'extraterrestres assez particuliers : ceux-ci parlent par deux bouches simultanément, et ne considèrent comme parole que ce qui est prononcé de la même façon.
Et une bonne partie de l'intrigue reposera sur le fait que leur langue ne permet pas le mensonge, ni l'abstraction.
Hélas, tout cela n'est expliqué qu'après 200 pages d'une présentation assez allusive de ce monde, et de l'univers de science-fiction dans lequel il baigne.
Qui plus est, le coeur de l'intrigue est l'utilisation particulière d'humains aptes à communiquer avec ces extra-terrestres pour, authentiquement, les droguer de parole, ce qui va entraîner une régression sociale aussi brutale que difficilement évitable.
Du coup, évidement, ça donne un monde franchement crépusculaire, et un boisseau d'intrigues politiciennes qui servent essentiellement à meubler ce roman malheureusement trop gros.
Pourtant, ça n'est pas faute d'idées, au premier lieu desquelles l'exploration sémiotique qui y est faite avec des questions aussi intelligentes que "le mensonge est-il un préalable à l'abstraction ?" "si on ne dit que la vérité, peut-on parler d'autre chose que de faits matériels ?" et tant d'autres.
Du coup, si je devais donner un avis, je dirais que c'est un bouquin génial/chiant : génial par ses idées, mais plutôt chiant, ou plutôt téléphoné, dans ses choix d'intrigue et d'évolution dans l'intrigue.
Et c'est dommage, parce que je continue à penser que China Miéville est un auteur à l'imagination aussi folle que débridée. Malheureusement, je crains que cette imagination ne soit pas suffisamment dirigée pour produire des contenus authentiquement chouettes.