La Merfer. Elle recouvre l’essentiel de ce monde, son réseau de rails dense, dont on ne connaît ni début, ni fin, dont nul ne sait l’origine, est la seule voie pour les hommes sur une terre devenue propriété d’un bestiaire terrible et fantastique, aux proportions démentes et à l’appétit vorace.
Parmi ces créatures, la plus formidable de toutes, la gigantesque taupe albinos : Jackie La Nargue. Et à ses trousses, le Mèdes, un train taupier mené par la capitaine Picbaie qui traque la bête telle une obsession depuis qu’elle a emporté son bras.
A ses côtés, le jeune orphelin Sham découvre l’univers de la chasse, fait d’excitation et de dangers, d’aventures et de drames. À l’image de la découverte de ce train déraillé et du mystère qu’il contient, dont Sham va devenir le dépositaire inattendu.
Une trouvaille énigmatique qui le conduira dans la plus folle des expéditions, jusqu’au bout de la Merfer, là où vivent les anges...

Review

Ce roman est assez curieux.
A la lecture des premières pages, j'ai vraiment cru m'embarquer dans une version Merfer (où la mer est simplement remplacée par des rails) de Moby Dick. En effet, on y retrouve tous les éléments de ce récit : un jeune marin qui découvre le monde de la mer sur un navire (pardon, train) dont le capitaine est à la recherche d'un monstre mythique, une quête sans fin à travers les océans. Et puis China Miéville a élargi le panorama, et les choses ont perdu leur aspect simple ... La terre est recouverte de rails, mais pourquoi ? Le ciel est peuplé de créatures hostiles, qui ne servent que de décor. Le monde est peuplé de monstres souterrains qui donnent un aspect dunesque au récit, mais d'où viennent ces créatures ? Rien de tout ça n'a d'explication.
Alors forcément, je me suis attaché aux maigres éléments dont je disposais pour m'imprégner de ce récit. Et si ça n'a pas été facile, je dois reconnaître que la poésie du voyage en train a néanmoins pris, et quelques résurgences d'autres récits équivalents sont apparus (je pense par exemple à link:9782917689813.html[La grande course de chars à voile La Danse des étoiles]). Pourquoi ? Parce que l'auteur arrive à donner un corps phénoménal à son histoire : les lieux prennent vie sous nos yeux, les personnages existent, et même certaines explications parfaitement farfelues deviennent crédibles (je pense à ces histoires d'exhume où il suffit de bricoler 5 minutes pour obtenir un résultat à peu près fonctionnel).
En revanche, je dois bien reconnaître que la plume de l'auteur m'a paru lourde, difficile à appréhender. Qui plus est, le choix stylistique du & à la place de "et" a été pour moi une vraie gêne visuelle, même après que l'explication en ait été donnée. Par ailleurs, j'ai bien senti dans ce roman une volonté de produire, comme dans Lombres une oeuvre jeune adulte. C'est dommage à mon sens, parce que certains éléments m'ont semblé simplifiés, là où une élusion aurait été plus subtile.
Cela dit, ça reste une bonne lecture.