Hap Thompson travaille pour REMintérim, une société qui débarasse les cadres surmenés de leurs cauchemars récurrents en les transférant à son personnel. Un jour, son patron lui propose une activité illégale : assumer les souvenirs gênants que les clients souhaitent momentanément oublier. L'argent coule à flots jusqu'au jour où une femme séduisante transfère à Hap le souvenir d'un meurtre et disparaît sans le récupérer.
Désormais Hap est un homme traqué : par la police qui recherche le meurtrier, par six clones étranges à lunettes noires et gabardin, et par le meilleur tueur à gages de Los Angeles, qui n'est autre que son ex-femme... Pour s'en tirer, il ne lui reste plus qu'à retrouver la mystérieuse cliente et à éclaircir cette histoire de meurtre.
Tout l'univers de Michael Marshall Smith : un cocktail détonnant de science-fiction, de polar noir, de satire corrosive et de... méditation philosophique !

Review

Ce livre raconte les aventures de Hap Thomson, looser à la petite semaine, porteur de rêves et de souvenirs récupérés chez des gens qui n'en ont plus envie.

Bien sûr, on est chez link:../authors/3344799.html[MM Smith Matz], et d'après ce que j'ai pu comprendre (en lisant la quatrième de couverture), l'ambiance se retrouve aussi dans ses autres ouvrages. Et cette ambiance, fabuleux mélange de vrai roman noir et de cyberpunk étrange, avec un peu de fantastique sur les bords, est vraiment l'un des points forts du roman. Lorsque Hap, par exemple, se rend dans un bar louche, on l'imagine très bien dans son vieux costard froissé, une immonde clope mal roulée entre les lèvres, avec une barbe de trois jours et une tête à faire fuir un chien errant. Et cette ambiance cadre magnifiquement avec ce vrai récit noir.

De l'introduction aux scènes les plus mouvementées, on est loin des scènes à grand spectacle, et toujours perchés sur l'épaule de Hap (bien aidés par cette narration à la première personne, que j'associe volontiers - en bien - à des séries comme Magnum, si, si, Mike Hammer, et autres récits un peu noirs). Et ce personnage de Hap fait un magnifique anti-héros. En effet, c'est un parfait looser, qui croit avoir un bon plan mais est en fait en train de se faire avoir à plein tubes. Bien sûr, comme dans toute histoire de ce type, il finira par s'en sortir, non sans en avoir chié un max au préalable, avec poursuites policières et tutti quanti.

Attention, voici les spoilers

Par contre, ce qui me trouble pas mal, c'est cette histoire d'extra-terrestres/anges. On les voit arriver façon gangsters de la pègre bien décidés à cartonner tout ce qui bouge (ce qu'ils font d'ailleurs dans le bar). Et on se dit que ce sont de simples gangsters. Et puis, à un moment, zou, ils deviennent des extra-terrestres. J'ai pas vraiment compris pourquoi, ni d'ailleurs pourquoi ils sont devenus à la fin du récit des anges. En fait, je trouve qu'ils nuisent à la lisbilité du récit : de simples porte-flingues auraient aussi bien fait le boulot, en enlevant certes au passage les enlèvements par les extra-terrestres, mais je ne crois pas l'histoire y aurait perdu quoi que ce soit.

D'un autre côté, ça nous aurait privés de l'apparition de Dieu en tant que vrai Deus Ex Machina : il met Hap sur la piste, il l'aide quand l'autre nul est dans la panade, et il finit carrément par venir dénouer les fils de l'intrigue, à la Dumbledore à la fin d'un link:../series/Harry_Potter.html[Harry Potter].

Un autre truc qui m'a un peu énervé, mais moins, c'est les machines domestiques intelligentes. D'accord, le réveil est intelligent, mais je ne vois pas pourqoi il aurait des jambes. Et je vois encore moins pourquoi il motiverait ses camarades accessoires domestiques pour qu'ils aident Hap dans le grand final des guignols.

Dis comme ça, ce sont des réserves sévères, mais en fait non. Elles ne gênent pas vraiment la lecture, et elles fournissent des contrepoints à une intrigue habilement ficelée (avec comme morceau de choix Statten et Quat ne sont qu'une seule et même personne ? Et la copine du flic mort est la mère de Laura ?), remplie de personnages bien agréables, quoi qu'un peu creux, comme par exemple Deck, le pote du héros, qui est un personnage assez important, mais ne semble pas avoir la chance d'avoir un caractère.

Enfin, tout ça suffit à en faire pour moi un ouvrage honnête. Pas un chef d'oeuvre, mais une bonne histoire bien distrayante, avec les vraies pensées philosophiques d'un vaurien. Une lecture parfaite pour la plage, en somme.