2551. L'archéologue Dan Sylveste déchiffre l'histoire ancienne des Amarantins, les habitants mi-hommes mi-oiseaux du système Delta Pavonis, disparus suite à un cataclysme planétaire survenu neuf cents mille ans plus tôt.

Bientôt un gigantesque vaisseau interstellaire, le Spleen de l'Infini, vient chercher Sylveste. Son père, Calvin, sauvegardé après sa mort sous forme de simulation numérique consciente, pourra peut-être réparer le capitaine, un être semi-mécanique plongé en cryogénie afin de ralentir le mal qui provoque chez lui de monstrueuses mutations.

Au sein de l'équipage du Spleen de l'Infini chacun dissimule ses véritables intentions tandis que des forces secrètes et menaçantes se révèlent peu à peu.

Review

J’ai entendu parler pendant longtemps sur news://fr.rec.arts.sf de ce roman avant d’avoir l’occasion de le lire. Et, s’il a de nombreux aspects très intéressants, il n’en reste pas moins vrai que le niveau de reprise des différents éléments pourrait se situer à la limite du plagiat, même si d’aucuns parleront évidement d’hommage appuyé.
Bref, avant d’aller au fond des choses, une rapide présentation s’impose.
Dans ce roman, l’humanité a colonisé un grand nombre d’étoiles, et s’y est installée (en s’adaptant par génie génétique ou prothèse mécanique au besoin). Parmi toutes ces étoiles, on va évidement ne s’intéresser qu’à un très petit nombre, et en particulier une, sur laquelle une mission archéologique a lieu.
Bien sûr, comme on est dans le monde du space-opera, les voyages à travers l’espace sont abondament décrits, même si le respect des contraintes relativistes(1) introduit un ensemble de contraintes tout à fait intéressantes. Dans cet univers, où les références sont déja foisonnantes(2), vont se déchirer quelques personnages dans un but assez difficilement exprimable (disons simplement qu’il y est question d’assassinat, de résurection, de possession, et d’autres notions du même ordre).
Au vu de l’introduction, vous pouvez imaginer la teneur globale de cet avis : j’ai été déçu par ce roman. Et pas vraiment par un aspect particulier (ce qui est plus simple à expliquer) mais par l’ensemble.
D’abord, par les personnages. On nous présente par exemple Dan Sylvestre(3), le personnage principal de l’intrigue, comme totallement machiavélique, mais à aucun moment ses agissements ne cadrent avec cette description. Il me paraît en effet bien plus tentant de le voir comme un visionnaire un peu atteint par la force de ses visions(4). Dans le même ordre d’idée, Volyova (qui nous est présentée comme largement au-delà de la psychopathie) n’a rien d’une folle, mis à part certains troubles du comportement et une collection d’armes à en faire rêver le pire des dictateurs. Finallement, le seul personnage qui tire son épingle du jeu est peut-être la tueuse, qui est "relativement" humaine et a des motivations compréhensibles(5).
Dans le même ordre d’idées, lorsqu’on arrive enfin à comprendre le sens du récit, il se révèle assez simple, voire même téléphoné(6), mais perturbé par de très (trop ?) nombreuses intrigues périphériques. Bien sûr, ces intrigues occupent l’esprit (et les pages, pour arriver à un total de près de 900). Mais elles ne permettent cependant pas de constater que, là aussi, les précurseurs de link:../authors/51204.html[Alaistair Reynolds Alastair Reynolds] sont assez nombreux. Entre le cycle du Centre galactique de Gregory Benford, Un feu sur l’Abîme de Vernor Vinge, le sujet des secrets bien cachés de l’univers est plutôt bien couvert. Je ne crois pas que l’auteur ait eu une si bonne idée en souhaitant à nouveau le traiter. Surtout de cette manière.
Finallement, il ne nous reste plus que le, ou plutôt les, décor. Là, heureusement, la déception est moins amère. Entre Chasm City et le spleen de l’infini, gigantesque nef spatiale en déliquescence, on est dans un univers très nostalgique, ou le meilleur est passé depuis longtemps, ce que vient d’ailleurs confirmer le métier d’archéologue de Sylvestre. Et ces variations sur le thème de l’abandon et de la ruine sont très bien trouvées(7). Finallement, il y a là trop de références pour que ce roman puisse être à mes yeux autre chose qu’une tentative, bien faite mais sans âme, de marier trop de sources. un peu comme une soupe dont les trop nombreux ingrédients s’étoufferaient réciproquement, je n’ai pas pu adhérer à un récit qui passait son temps en clins d’oeils trop appuyés à d’authentiques auteurs de space-opera(8)
(1) Aucun mobile ne peut se déplacer plus vite que la lumière. Et, dans le même ordre d’idées, des effets relativistes apparaissant dès qu’on dépasse c/10 (où tout le monde aura reconnu c comme la vitesse de la lumière) font que le temps à bord des vaisseaux se rapprochant de c s’écoule nettement plus lentement qu’à l’extérieur de ceux-ci.
(2) Sans effort, on peut penser à Benford, Simmons, Banks
(3) Dont les yeux d’acier n’auront pas manqué de vous faire penser à un authentique démiurge : le Palmer Eldritch du Dieu venu du Centaure (encore une citation, et ça n’est pas la dernière, loin de là).
(4) Ce dont l’auteur se justifie fort bien, du reste.
(5) Parce que celles de Sylvestre tiennent avant tout du Deus Ex Machina
(6) Typiquement, le coup de la demoiselle qui n’est autre qu’une ancienne copine de Sylvestre, c’est presque trop les feux de l’amour pour moi.
(7) J’ai notamment adoré le système de "tramway" de Chasm City.
(8) Je sais, je place Benford parmi ces auteurs alors que je dis toujours que ses romans sont au mieux des brouillons. C’est vrai, ses romans ne sont que des brouillons. Mais des brouillons riches de ses idées.