Spatterjay : une planète recouverte par les océans et grouillant de créatures marines hostiles. Sur l'un de ses rares îlots vit l'Écorcheur, une entité monstrueuse semant la terreur parmi les pêcheurs qui sillonnent ses eaux. Des pêcheurs qui, bien décidés à détruire cette abomination une fois pour toutes, unissent leurs forces... Ainsi débute une course-poursuite planétaire, une traque dans laquelle seront embarqués trois personnages pour le moins curieux : Erlin, une scientifique à la recherche d'un capitaine immortel, Keech, un flic ressuscité après 700 ans dans le but de retrouver un criminel, et Janer, en mission pour les Frelons, espèce terrestre ayant développé une intelligence communautaire.

Mais ce qui les attend sur les traces de l'Écorcheur, est bien plus qu'une aventure d'une rare violence. Car Spatterjay, aux confins de la galaxie, loin du couvert des lois gouvernementales du Polity, réserve d'autres surprises...

Authors

Review

Ce bouquin est pour moi une bonne surprise ... mais reprenons les choses par le début.
Dans cette histoire, on suit les périgrinations de toute un tas de personnages sur une planète rien moins qu'hospitalière (elle m'a d'ailleurs fait penser à l'étrange monde de link:../series/Ancient_Shores.html[L'incident Jésus Ancient Shores]). Outre son côté hostile, cette planète a également la particularité d'abriter un virus rendant quasi-immortel - et accessoirement fort comme un turc.
Comme vous pouvez le voir, le décor est tout à fait impressionnant. Tellement, même qu'on aurait presque tendance à oublier qu'il ne s'agit "que" d'un décor pour une intrigue plutôt complexe, et franchement ramifiée, qui va nous faire voir du décor, un mort pas tout à fait immobile, des extra-terrestres vraiment méchants, et des humains parfois encore plus méchants - enfin, plus sadiques. Il est d'ailleurs tout à l'honneur de l'auteur de réussir à nous présenter des personnages comme Rebecca Frisk sans tomber dans la complaisance (tout le contraire d'un link:../authors/2687.html[Dan Simmons], par exemple ...). C'est d'autant plus incroyable que, pour ce personnage particulièrement sadique, torturer des individus qui se régénèrent continuellement amène encore de l'intérêt à la chose (enfin, vous voyez le genre de psychopathe, quoi).
Mais ce roman a d'autres intérêt, au premier rang desquels il y a bien sûr ce monde nautique, où tout se fait sur des bateaux tirés par des voiles vivantes. Vous vous en doutez, pour moi, dès qu'il y a des bateaux - et plus encore des voiliers, c'est la fête. Et là, avec cette histoire de capitaines agés de sept siècles, c'est le rêve.
C'est aussi le rêve pour l'amateur de grand spectacle que je suis : des batailles aériennes (qui m'ont elles fait penser à la Culture de Banks, et à ses IA vivant leur vie intellectuelle en toute liberté), des courses-poursuite dans la jungle, et tant d'autres luttes contre l'écosystème (qu'on peut facilement considérer comme hostile) de cette planète qui explore un autre modèle d'alimentation, où la proie n'est que rarement tuée par le prédateur.
Bref, un très bon bouquin, sauf bien entendu du côté de la réflexion, qu'il faut savoir trouver soi-même. Ainsi, on peut trouver quelques pistes indiquant que l'auteur, s'il avait voulu se séparer un peu de ses superbes scènes d'action, aurait pu nous livrer un très beau livre sur le poids de l'immortalité de la chair vu à travers différentes méthodes : la réification, le virus de spatterjay. Bon, bien sûr, il aurait aussi pu nous parler de l'altéérité : qui est le plus humain entre un mort-vivant de sept siècles, et un vivant du même âge qui n'a plus une goutte de sang dans le corps ?
En tout cas, moi je trouve qu'il vaut largement la lecture.