2202. Né des cendres d’une conflagration planétaire, l’Empire Chrétien Moderne règne sur une Terre ravagée. Urbain IX, pape tout puissant, contraint les populations à vivre selon un mode de vie médiéval, restaurant ainsi le Dominium Mundi. Sous son impulsion, un vaisseau colonisateur est envoyé vers Alpha du Centaure, dans l’espoir d’y trouver de nouveaux territoires pour l’Humanité. Lorsque les passagers abordent une planète et son peuple, les Atamides, le choc est grand. Ils sont massacrés.
Deux ans plus tard Urbain IX achève d’armer un gigantesque vaisseau, le St-Michel, capable d’abriter un million d’hommes. Pour Tancrède de Tarente, le Méta-guerrier héros des champs de bataille, et Albéric Villejust, le génie en bioinformatique enrôlé de force, débutera une Croisade sanglante vers une nouvelle Jérusalem…
Dominium Mundi, gigantesque fresque inspirée du poème épique La Jérusalem délivrée, est l'aboutissement impressionnant de maîtrise d'une dizaine d'années de travail.
Review
Attention, ça va trancher.
Ce roman raconte donc une vision spatialisée de la première croisade. Vous savez, la croisade, ce moment merveilleux où la foi chrétienne s'est embrasée sur le thème bien connu de "mort aux infidèles". Un moment que les plus extrémistes de la droite tendent à idéaliser ...
L'auteur aurait pu glisser dans son pavé une critique de ce phénomène. Ca n'est pas le cas dans ces huit-cent premières pages. Et c'est bien triste. Mais il y a pire.
En effet, sa spatialisation ne se contente pas de reprendre le thème et de broder autour. Non. Il fait le choix radical de porter toute la civilisation européenne de l'an mil dans l'espace. On a donc des nobles qui ont sur leurs terres les droits de hautes et basse justice, des femmes réduites à nouveau à l'état d'utérus sur pattes sauf, attention innovation) quand elles choisissent de devenir amazones, ce qui les met intrinsèquement à l'écart de la population "classique". On a également une religion catholique qui ferait plaisir aux gens de la manif pour tous : le roi est d'essence sainte, tout comme le pape, et plus on est pauvre, moins on a de chances de se rapprocher du paradis. D'ailleurs, les plébéiens sont enrôlés de force dans cette croisade et correctement maltraités par les soldats croisés parce qu'enrôlés de force (c'est quand même beau cette façon de faire souffrir encore plus ceux qui n'ont pas choisi d'être là).
Je vous ferai grâce des rebondissements qui fleurissent dans le premier tome de ce dyptique parce que, franchement, ils n'ont d'autre intérêt que de montrer la Noblesse d'Ame de celui qui est indubitablement le Héros de cette fresque : il souffre, il doute, mais s'en sort toujours pour exalter encore plus les Vraies Valeurs du Chevalier : courage, respect du nom et du rang, Honneur au combat, et toutes ces conneries.
Ce qui est triste, c'est que c'est foutrement bien écrit (ce qu'on comprend en lisant les remerciements de l'auteur). Tant sur le plan de la construction des phrases que sur la mise en place globale du récit, l'auteur réalise en effet une copie des plus correctes. Mais il manque une nuance, une espèce de détachement de la part de l'auteur sans laquelle cette histoire révèle ce qu'elle est : une immonde SF militariste aux relents les plus abjects.
Et franchement, je n'ai pas besoin, en 2018, qu'on me montre à quel point les guerres d'extermination religieuses sont une bonne idée ou pas. Et je n'irai certainement pas lire le second tome dans lequel l'auteur me révélera au choix que les extra-terrestres n'existent pas/les extra-terrestres sont humains/la croisade va les massacrer et ce sera mal/le pape est en fait dirigé par le diable/...