Review
Dans ce roman, on suit les aventures d'Ichabod Drift, capitaine de vaisseau spatial pas très honnête, et de son équipage composé d'un assemblage pas forcément très reluisant de techniciens et de gros bras divers. Toute cette belle bande se retrouve embauché pour "livrer" un colis dont ils ne savent pas grand chose. Evidement, il y a un piège. Et évidement, ils vont tomber dedans. Et pour se venger (parce qu'il n'est évidement pas question d'un honneur que les voleurs n'ont pas), ils vont partir en quête de leur commanditaire, caché au fin fond de l'espace.
Ca donne évidement un roman plein d'action, et de personnages savoureux (au passé souvent trouble). Mais évidement, ça donne un roman sans beaucoup de surprises (vous l'aurez, je l'espère, compris au nombre d'"évidement" parsemant cet avis). On voit donc nos personnages voler dans le ciel terrien, combattre dans un ring souterrain ou dans les couloirs d'une station spatiale et globalement s'agiter assez rigoureusement, tout ça pour un gain somme toute assez prosaïque.
Malheureusement, il y a des défauts. Au premier lieu desquels la morale des personnages qui me semble franchement obscure : ils se battent pour se venger, mais au-delà de ça n'ont pas vraiment d'aspirations, no de sens moral quelconque, à part peut-être une certaine forme de fraternité (qui n'a pas été sans me rappeler le très bon l'espace d'un an). Et ce manque de morale, qu'elle soit positive ou négative, m'a clairement empêché de ressentir la moindre forme d'empathie pour ces personnages. Par ailleurs, le récit est raconté d'une manière aussi linéaire que peu littéraire. Les phrases sont courtes, avec les désormais classiques cliffhangers de fin de chapitre et les alternances de point de vue entre les différents personnages de l'équipage. Mais c'est plat, terriblement plat. Même les événements les plus inattendus ne laissent que peu d'impression.
Et tout ça est bien dommage, parce qu'il y a dans cette histoire une forme de potentiel, qui est celui que je vois dans tous les romans de fripouille. Je m'explique : qu'il s'agisse de la saga vorkosigan ou des [book!mensonges de Locke Lamorra], il y a dans les romans mettant en scène un escroc l'enchantement qu'on voit dans un spectacle de magie : on sait qu'on va se faire berner, mais c'est fait suffisement bien pour qu'on se laisse avoir. Malheureusement, Ichabod Drift n'est vraiment pas Miles Vorkosigan. Et si ses astuces prennent, le roman donne l'impression que c'est un peu malgré lui (alors que je pense que c'est clairement l'ambition de l'auteur de nous faire comprendre qu'il est un génie de l'escroquerie).
Et quand je dis que c'est dommage, c'est suffisamment dommage pour que je me demande vraiment si j'achèterai la deuxième partie quand elle sortira.