Cela fait maintenant quelque temps que Trent et Briddey sortent ensemble, et leur amour est assez solide pour qu'il lui pose la question. Pas si elle veut l'épouser, non, si elle est prête à se faire greffer un AEC, un dispositif électronique qui permet à deux amants de partager leurs sentiments sans aucun filtre. Cette technologie dernier cri rend obsolètes les smartphones, les SMS, les e-mails et toute autre forme de communication au sein du couple. Mais Briddey se met un jour à percevoir les émotions et les pensées d'autres que Trent, et le rêve tourne au cauchemar...
(Présentation de l'éditeur)
Review
Connie Willis fait partie de mes auteurs préférés. Et pour une bonne raison : la bonne humeur, l'humour, l'amour, transparaissent dans ces romans. Est-ce que ça veut dire qu'une midinette se cache en moi ? Sûrement. Et c'est tant mieux !
Donc ce roman raconte l'histoire de Briddey, qui est fiancée à Trent, et qui va subir une opération lui permettant de connaître les émotions de son fiancé. En théorie, parce qu'évidement ça ne va pas se passer comme prévu. Et ce qui va arriver va la chambouler.
On est dans ce roman dans un genre peu fréquent en SF : la comédie romantique cousue de fil blanc. Comme dans un Pretty Woman, on sait au bout de cinq pages comment tout ça va se finir. Et le plaisir dans un roman de ce type n'est pas vraiment de découvrir le noeud de l'intrigue, qui est évident, mais de comprendre par quels chemins tortueux l'auteure va nous mener à la conclusion.
Et du tortueux, il y en a dans ce roman.
Parce qu'outre un fiancé officiel, Briddey a également une famille particulièrement envahissante ainsi qu'un environnement de travail hyper communiquant (autrement dit avide de ragots). Ca donne lieu a des chassés croisés aussi rocambolesques qu'amusant, et une première partie invraisemblablement dynamique *et* réaliste. Pour être honnête, j'ai même eu l'impression que les cent dernières pages étaient un peu inférieures à l'effervescence des 500 premières. Mais ça n'est que ma perception. Peut-être aussi que l'auteure rentre dans une phase un peu plus analytique, et donc peut-être moins émouvante et passionnante : on commence à réfléchir, et à comprendre que certaines ficelles sont un tout petit peu trop visibles.
Cela dit, ces 500 premières pages sont spécifiquement bien foutues.
Il y a d'abord une galerie de portraits aussi réussis qu'amusants (avec une mention spéciale à Maeve, parfaite dans le rôle d'enfant précoce). Des portraits qui ne tiennent évidement qu'à la plume particulièrement vive de Connie Willis (comme à chaque fois) qui donne vraiment une impression de bonne humeur, même dans des circonstances pas forcément faciles. Il y a aussi le sujet, léger et amusant, qui ne peut susciter qu'une oeuvre sympathique, une espèce de douceur bien agréable. Je ne dis pas que le roman est superficiel, parce qu'il pose quelques très bonnes questions sur le bon niveau de communication. Mais il y a une forme de ... bienveillance, qui rend certains éléments de ce sujet vraiment faciles à appréhender.
Ca fait évidement de ce roman une très bonne lecture, voire même une lecture recommandable (et que je vais recommander à un public bien choisi).