Carlos Moreno est un esclave. Son contrat d’inspecteur auprès du ministère de la Justice l’engage jusqu’à la fin de ses jours, ou presque. Quand sa supérieure lui demande d’enquêter sur la mort suspecte d’Alejandro Casales, l’un des plus puissants leaders religieux de la planète, il n’a d’autre choix que d’accepter. Mais pourra-t-il garder la distance nécessaire à l’exercice de ses fonctions, quand la victime n’est autre que l’homme qu’il aimait jadis comme un père et qui l’a sauvé lorsque sa mère, Lee Suh-Mi, est partie dans les étoiles à bord de l’Atlas ?
Review
Ce roman réussit pour moi l'une des grandes réussites de la bonne littérature : m'emmener toujours par des chemins de traverse.
Reprenons depuis le début.
Dans ce roman, nous nous attachons aux pas de Carlos Moreno, enquêteur propriété du ministère de la justice de Londres, dans le gov/corp noropéen. Il va devoir enquêter sur la mort d'un riche gourou de secte, qu'il se trouve bien connaître.
Vous pouvez voir dans cette simple phrase qu'il y a, entre ce roman et notre réalité, quelques différences ...
La plus choquante est évidement la nature d'esclave de Carlos, qui n'a pas trop d'importance pour le récit (sauf en un point précis), mais qui est en revanche une clé de sa psyché. Laquelle psyché est au coeur du roman. Parce que tous les fans de roman policier le savent : le bon roman ne vaut que par ce qu'il dévoile de la personnalité de l'enquêteur. Et là, on en apprend, ce qui fait d'ailleurs de Carlos l'un des personnages les mieux décrits que j'ai lu. Sans aucun doute parce qu'il ne verse pas trop dans l'auto-apitoiement, alors que franchement, il pourrait s'y vautrer facilement. La contrepartie de cet écrasant personnage central, c'est que certains personnages secondaires perdent en profondeur, d'une façon parfois un peu dommage.
En plus, Carlos nous expose ce monde futuriste d'une façon assez classique (en ne nous expliquant pas trop les choses initialement), mais qui construit au fur et à mesure une réalité glaçante : entre l'IA implantée et pilotée par les gov/corps, ces mêmes gov/corps (fusions parfaites des gouvernements actuels et des mégacorpos du cyberpunk des années 80), ce concept d'esclavage futur, les impacts quotidiens de certains choix écolo/démographiques, tout ça donne des frissons.
Heureusement, ce roman a des points faibles, comme par exemple (et en fait uniquement) l'intrigue qui rebondit bizarrement à la fin du roman et gâche un peu la fin.
Il y a même quelques points de détails particulièrement élégants : la détestation de Carlos pour la nourriture imprimée, qui se révèle au bout d'un moment être lié à son passé commun avec la victime m'a fait beaucoup réfléchir sur le concept de personnage authentiquement incarné. En effet, dans combien de romans les personnages considèrent-ils leur repas avec une telle dévotion (mis à part dans certains récits cannibales, bien sûr) ?
Ce fut donc une excellente lecture, juste gâchée par l'intrigue. Une tellement bonne lecture que je m'en vais acheter Planetfall, qui doit être porteur de bien plus d'espoir que ce récit assez sombre (récit promettant d'ailleurs un troisième tome).