Review

Dans ce second tome, les héroïnes du premier (Tamé et Eadaz) vont se croiser après avoir fait chacune le tour du monde, ou presque. Chacune d'entre elle a évidement un Destin, et participera à sauver le monde face au Sans-Nom.
Il y a un truc que j'ai beaucoup aimé dans cette histoire, c'est que le roman réussit magnifiquement à exposer les visions des dragons que peuvent avoir le monde oriental et le monde occidental : côté oriental, les dragons sont des dieux qui courent sur les nuages, et côté occidental, ce sont des monstres destructeurs. Réussir à mettre en scène ces deux visions antagonistes de façon cohérente est vraiment une réussite spectaculaire de cette histoire. Et ça n'est pas forcément le seul bon côté.
L'histoire de Tamé, qui ressemble aux traditionnels récits initiatiques (avec ce côté loupé qui débute ce second tome), est également une belle réussite. On voit bien les moments où elle pense réussir, et ceux où elle est convaincue que son échec est une tare qui lui restera à vie. D'un autre côté, Ead, dont le destin semble à première vue similaire, est d'une trempe différente : l'histoire d'amour, les valses hésitations avec son fameux prieuré, ses relations ambiguës avec la sorcière, tout ça donne un rythme plus heurté, voire parfois pénible à lire (typiquement les moments avec la reine sont ... inappropriés - au sens où cette intimité, cette sensualité, n'a pas forcément une place intéressante dans le récit, mis à part comme une espèce de quota éditorial de tension érotique).
Et puis, en plus de ces personnages centraux pas très équilibrés, il y a dans ce roman un gros problème de densité : je ne suis pas du tout sûr que la moitié des rebondissements y aient leur place. L'alchimiste pas trop honnête, par exemple, ne méritait pas son rôle, pas plus que le jeune noble. L'intrigue y aurait gagné quelques centaines de pages sans vraiment y perdre en lisibilité. Et franchement, c'est ce qui aurait pu lui arriver de mieux.
Et je pense que supprimer ces hommes aurait aussi contribué à augmenter encore la dimension féministe du roman, qui est déjà très sensible. Même si cette sensibilité vient avec quelques défauts, comme cette histoire lesbienne qui est très belle et très fin, mais qui semble franchement anachronique (comme le sont ces histoires de couleur de peaux qui donnent à l'oeuvre un côté "série netflix" d'assez mauvais goût).
Bref, l'oeuvre a des qualités évidentes, mais aussi quelques défauts que j'ai trouvé vraiment agaçants.