D'étranges disparitions se succèdent dans la ville de Génépi : cadavres et vivants se volatilisent, proies d'un mystérieux commerce nocturne. Y aurait-il un rapport avec le château noir, cette sombre éminence qui domine la ville, cette verrue monstrueuse qui semble croître de jour en jour ? Possible... La Dame, elle, semble prendre la menace très au sérieux et dépêche la Compagnie sur place pour voir de quoi il retourne. Coincée entre l'horreur qui grandit aux abords du château et sa peur de la Dame, la légendaire Compagnie noire pourrait bien envisager pour la première fois de son histoire de rompre son contrat et de sérieusement redéfinir ses allégeances...
Review
Si le premier tome des chroniques de la compagnie noire racontait une longue errance de mercenaires, ce second tome s’ancre dans une cité, dans laquelle un étrange phénomène se produit. La trame est peut-être simple, avec son lot de rebondissements assez habituels, mais link:../authors/13026.html[Glen Cook] a plusieurs talents. Entre les personnages truculents, le décor très bien conçu et deux ou trois éléments de l’histoire, il y a déjà pas mal d’originalité.
Mais toutes ces touches de détail sont masquées par une chose : l’écriture. La quatrième de couverture nous dit que Cook fait subir à la fantasy le même sort que Sergio Leone au western. C’est vrai. Il lui ôte tout son lustre issu de traditions assez anciennes pour en faire ressortir les qualités intrinsèques. Bien sûr, comme pour le western, sa déconstruction va très loin, en commençant par l’écriture qui n’évite pas les anachronismes parfois lourds, mais toujours placés, à mon sens, dans ce but. Pour ma part, j’ai adoré. J’ai adoré parce qu’il est temps que la fantasy arrête de se cantonner dans la quête épique à la Seigneur des anneaux, que je commence personnellement à vomir, pour s’ouvrir à d’autres horizons que la SF a déjà conquis depuis des dizaines d’années. Mais j’ai aussi adoré parce qu’en soi, ce chateau noir est un bon récit, rempli de bruit et de fureur, même si, encore une fois, le rôle de la compagnie noire, de par son ambivalence, ne suscitera pas forcément l’adhésion de tous. Et c’est tant mieux, du reste, parce qu’il me semble évident que l’auteur, par ce moyen, cherche à produire un portrait “en creux” de héros. Et ce portrait est très convaincant. Suffisement, en tout cas, pour que je trouve ce second tome tout aussi bon que le second, et donc excellent.