Bart Fraden est à la recherche d’un monde à conquérir. Il pense avoir trouvé le candidat idéal : Sangre, planète dominée depuis trois siècles par la Confrérie de la Souffrance, bande de sadiques qui s’adonnent à la torture, l’esclavage et le cannibalisme. Fraden est persuadé que sa population est mûre pour une révolution, surtout si c’est lui qui la commande. Pourtant, ce qu’il découvre sur place risque non seulement de contrarier son plan, mais mettra en péril son âme…

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Review

C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes ? C'est pas sûr ... En tout cas, dans ce genre de SF de "l'âge d'or", il y a une espèce de clarté, de limpidité, même dans les intrigues les plus sombres (comme celle-ci), qui ... dégage les neurones.
Bref, Bart Fraden est un ancien président plus ou moins corrompu, plus ou moins malhonnête, qui s'en va tenter de prendre le pouvoir sur Sade, une planète abandonnée de la civilisation ... mais pas des hommes.
Bart va donc tenter de fomenter une révolution, dans un régime dirigé par une espèce de confrérie sadique, qui a organisé un régime d'exploitation, qui peut se résumer en un slogan : "la douleur, le plaisir. Les frères donnent la douleur et reçoivent le plaisir, et les animaux donnent le plaisir et recoivent la douleur". Enfin vous voyez le genre.
Alors évidement, ce roman ne va pas sans un certain sadisme. Mais ... je ne sais pas comment l'expliquer, malgré l'abondance des descriptions, je n'y ai pas trouvé la complaisance que d'autres auteurs pourraient mettre dans ce genre de récit. Même Bart, lorsqu'il agit comme un beau salaud, apparaît comme tel, bien aidé par le regret qu'il éprouve lorsqu'il commet des atrocités (qui lui vaudraient évidement l'accusation de crime contre l'humanité à notre époque). Pour tout dire, je me rends compte qu'il s'agit en fait d'une authentique ordure amorale et perverse. Et je trouve ça vraiment fascinant de me rendre compte seulement maintenant du degré d'ignominie de ce personnage. Honnêtement, c'est vraiment bien fait.
Bref, c'est une oeuvre fascinante sur le pouvoir, et la façon dont il corrpompt. Pas en finesse, hein, parce que ça n'est clairement pas le style de Norman Spinrad. Non, on est là dans l'exagération de la vision de l'animal politique. Et c'est glaçant. Je ne serais pas étonné d'apprendre que Spinrad n'est pas spécialement emballé par les révolutionnaires ... Pas plus que les dictateurs en puissance, d'ailleurs ...
Ce qui m'amène à un point d'amateur de sf assez ... intéressant. Ce roman a été écrit 5 ans avant Rêve de fer. Et pourtant, on y retrouve bien des éléments qui réapparaîtront dans Rêve de fer : les masses d'armes, la lutte d'une élite bardée de cuir contre des masses laborieuses (et mutantes dans Rêve de Fer), et surtout, surtout, le fait qu'il n'y a pas de héros, ni dans l'une ni dans l'autre. Et d'un autre ôté, je comprend que ce roman ait moins marqué. En effet, Bart y est une ordure absolument infecte. Mais d'un autre côté la planète de Sade dans son ensemble semble ... bonne à jeter. Les Animaux, les Frères, les Tueurs, tous ces résidus d'humanité n'inspirent ps plus la compassion que les révolutionnaires prêts à s'entretuer pour un brin d'avenir.
Cela dit, c'est une lecture vraiment intéressante, à la fois dans une vision historique, et simplement en tant qu'oeuvre de SF, habilement construite, joliment dialoguée, et remplie de descriptions propres à soulever le coeur de bien des lecteurs.