Au Second ge stellaire, les divers mondes fabuleux de l’humanité sont reliés par des vaisseaux qui traversent l’espace en un instant. À bord du Dragon-Zéphyr, amour et obsession se mêlent de façon explosive entre le capitaine et sa Pilote, mettant en péril la survie du vaisseau. À des années-lumière de là, la jeune et belle Moussa devient « Enfant de la Fortune » et entame un voyage initiatique de planète en planète. Deux récits offrant « une vision érotisée de la galaxie » saluée par les critiques !

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Review

Ce recueil contient les deux romans suivants, que je vais détailler ...

La Dernière croisière du Dragon-Zéphyr


Dans ce premier roman, on découvre ce second âge stellaire, dans lequel l'humanité a découvert, grâce à une civilisation extra-terrestre, une méthode ... très spinradesque ... pour voyager plus vite que la lumière : des femmes sont utilisées (ou plutôt leurs orgasmes) pour envoyer des vaisseaux dans une espace d'interespace permettant le déplacement instantané. C'est difficile. Surtout parce que, dans ce second âge stellaire, ces femmes pilotes (c'est leur titre) sont ostracisées, et la vie sociale du capitaine de vaisseau se doit de prendre comme centre la maîtresse des passagers de luxe de ces vaisseaux, et architecte/décoratrice/maîtresse de maison du module de voyage de luxe. Et cette maîtresse est une créature aussi esthétique que décidée à faire de chaque voyage une fête aussi parfaite que possible.
Evidement, dans ce roman, le capitaine, par un de ces hasards terribles qui font le sel de la vie, est attiré par la pilote plus que par la maîtresse du voyage. Du coup, il se crée une tension parfaitement insoutenable entre les désirs de ce capitaine (voir la pilote, lui parler, la comprendre, partager sa vision du monde) et ses obligations (se montrer au bras de la maîtresse et partager avec elle des moments esthétiques, érotiques, ...). Une tension qui ne se résoudra évidement que par la soumission de ce capitaine à ses désirs, lesquels entraîneront ce vaisseau ... ailleurs.
J'ai vu quelques aspects parfaitement fascinants dans ce roman, au premier lieu desquels, évidement, le mode de transport du vaisseau : utiliser le transport amoureux comme transport physique est une idée parfaitement géniale. Et surtout, une idée parfaitement intégrée à ce second âge qui érige l'érotisme, le tantrisme comme une forme d'art. L'autre aspect intéressant est la façon dont l'identité des gens est construite, la façon dont ils se présentent comme le fils de deux parents. J'ai trouvé cette inscription dans une histoire familiale particulièrement intelligente et touchante.
En revanche, le mode de langage extrêmement riche, voire baroque, mélangé à l'utilisation simultanée de plusieurs langues (le fameux sprächt, spécifique à chaque individu) a rendu la lecture des plus difficiles. Et puis, bien sûr, comme c'est un récit autobiographique, le roman laisse une place centrale aux alternoiements et au paysage intérieur du personnage principal ... ce qui m'a paru évidement long, fastidieux, douloureux, même si j'ai pour une fois compris le but de tout ça : si le capitaine cède à ses pulsions, il envoie tout son vaisseau dans l'inconnu et le danger, ce qui rend évidement la décision difficile à prendre. Mais quand même pas difficile à ce point-là.
Ca fait de cette oeuvre une lecture extrêmement contrastée : un postulat génial, magnifique, et d'une beauté à couper le souffle, mais une mise en oeuvre plus lourde qu'un trou noir .... Difficilement recommandable, donc.

L'Enfant de la fortune


Ce deuxième roman est très différent du premier.
En effet, même si l'univers est le même (les vaisseaux spatiaux propulsés par orgasme, la culture interne des vaisseaux fuyant schizophréniquement la vue de l'espace, les enfants de la fortune faisant leur "grand tour" à travers l'espace), le thème, le point de vue, les personnages, tout est très différent. On va donc suivre ici une jeune fille, Moussa, qui va entamer son wanderjhar d'enfant de la fortune. Elle va joindre, un peu forcée, une bande d'enfants de la fortune qui lui permettra de développer un peu ses talents de conteuse et beaucoup ses talents d'artiste tantrique (d'experte du sexe, autrement dit) avant de se laisser emmener par un riche amant dans un voyage vers la planète de la drogue.
C'est un voyage initiatique. Il est donc normal que le personnage principal soit un peu naïf. Et à ce titre, la plupart du temps, on y croit. Sauf quand, manifestement, elle se fait rouler dans la farine. Mais ces erreurs rajoutent de l'humanité à ce personnage qui pourrait sembler sinon un peu pâle. Sauf qu'au bout d'un moment, ça change : elle sort du schéma de la jeune fille manipulant les hommes par son charme naturel pour découvrir, peu à peu, que cet univers de coucherie facile et de drogue abondante n'est peut-être pas si chouette. A ce moment-là, j'ai cru sentir passer quelques échos de la littérature sadienne : une forme d'éducation à la vertu par le vice, qui marche assez bien dans le cas présent, malgré le style littéraire du second âge stellaire qui est franchement imbuvable : des phrases trop longue, un mélange peu facilement compréhensible de langues (même si, dans ce second roman, ça m'a moins déstabilisé que dans le premier).

Dans l'ensemble, j'ai bien aimé ces deux romans, qui montrent une société aussi corsetée que la nôtre, même si les axes de fracture sont différents. Malheureusement, certains défauts formels ont considérablement affaibli la force de ces récits. Dommage.