La guerre est un enfer, mais c’est aussi un gagne-pain pour certains, comme Monza Murcatto, la plus célèbre et redoutée des mercenaires de Styrie. Trahie et laissée pour morte, Monza se voit offrir en guise de récompense un corps brisé et une haine brûlante envers ses anciens employeurs. Elle aura pour alliés un soûlard des moins fiables, le plus fourbe des empoisonneurs, un meurtrier obsédé par les nombres et un barbare décidé à se racheter une conscience.
C’est le printemps en Styrie. Et avec le printemps, vient la vengeance.

Authors

Review

Bon, attention, parce que ce roman est une lecture éprouvante.
Dès le début, ça part ... mal.
Et chaque étape de ce roman, construit comme une suite de tableaux, sera une épreuve autant pour le lecteur que pour les personnages.
Pas parce que l'histoire est mal racontée, puisque la plume d'Abercrombie est franchement alerte.
Plutôt parce que, depuis ses romans précédents, j'ai l'impression qu'il a sérieusement noirci le trait.
Et franchement, il arrive à frôler les limites de ce que je peux supporter avec beaucoup de talent.
Et je dis bien frôler, puisque j'ai achevé ce roman, et que je lirai le suivant. Mais je dois bien reconnaître que ça n'est pas facile.
Je vais essayer de détailler un peu pourquoi.
Servir froid fait évidement référence à la vengeance qui se sert froid. Le thème du récit est donc limpide. Vous vous attendez donc (comme moi) à une espèce de variation sur le thème du comte de Monte-Cristo. Eh bien, vous serez déçu : la quantité d'hémoglobine versée est parfaitement stupéfiante, et d'autant plus écœurante que, pour une bonne part, le sang est innocent (tout au moins en ce qui concerne cette vengeance). Cela dit, cette vengeance s'articule joliment, et son intrication avec la politique locale donne lieu à des moments de surprise. Et à une conclusion inattendue, mais en un sens logique.
- J'ai l'impression d'être un peu décousu, mais je pense que c'est le choc -
Si on passe à un point de vue plus traditionnel, sachez que les qualités d'Abercrombie demeurent : un récit vivant, des décors aussi jolis que l'Italie de la renaissance (je pense que c'est l'époque qui a inspiré ce récit). Et enfin des personnages ... denses.
J'ai lu d'ailleurs plusieurs avis indiquant que les lecteurs trouvaient les personnages trop unidimensionnels. Et je dois bien dire que je ne suis pas d'accord. En effet, et c'est peut-être là le noeud de ce roman, la plupart des personnages, Monza en tête, sont des rescapés qui sont en quête d'un but. Ca les rend assez creux, c'est vrai. Mais je crois, et je n'hésiterai pas à le détailler si nécessaire, que leur manque de corps est plus lié à un état temporaire des personnages qu'à autre chose. Et à mon avis, le comportement du vieux mercenaire en est l'exemple frappant : si il est réduit à presque rien au début du roman, la conclusion nous en donne une vision bien plus complète, celle d'un homme qui a retrouvé le moral, et le mordant.
Avec tout ça, je ne sais pas si je dois vous recommander cette lecture.
En effet, l'histoire est chouette, bien racontée, d'une façon aussi visuellement frappante que bien écrite. Mais d'un autre côté, c'est un récit authentiquement crépusculaire et d'une violence sans complaisance, brute, et douloureuse aussi bien pour ses acteurs que pour le lecteur.