Prise dans une tourmente politique, le capitaine Honor Harrington a quitté le service actif. Elle s'est exilée sur la planète Grayson, où elle tente d'oublier le sacrifice de sa carrière en remplissant au mieux son rôle de seigneur d'un fief. Mais les réactionnaires graysoniens se déchaînent contre elle, sans craindre d'aller jusqu'au complot et au meurtre, et la guerre entre Havre et Manticore la rattrape. Passée sous la coupe d'un comité de salut public, la République populaire prépare en effet l'opération «Poignard ». Honor doit surmonter ses angoisses et ses doutes pour se mettre au service de sa planète d'adoption. La laissera-t-on faire ?

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Et oui, c'est le retour désormais habituel d'Honor Harrington, de ses morts par dizaine de milliers, de ses problèmes éternels pour choisir entre la vie de son équipage et la victoire.
Dans ce tome, toutefois, quelques choses changent.
Après le duel qu'elle mène dans le précédent tome, elle se retrouve exilée sur Grayson, où elle jouit toutefois d'un statut curieusement contrasté : elle a certes sauvé la planète, mais elle n'est qu'une pauvre femme. Du coup, les plus progressistes se servent d'elle comme étendard de la possibilité pour les femmes d'être autre chose que des poules pondeuses quand les rétrogrades fustigent celle qui ne peut qu'être issue des basses oeuvres du malin, fornicatrice et étrangère qu'elle est. Bon, clairement, les rétrogrades le sont largement. Toutefois, les progressistes ne valent à mon sens pas beaucoup mieux, puisqu'ils se complaisent malgré leurs formules ampoulées dans uen civilisation reconnaissant la polygamie comme un droit évident des hommes sur les femmes (qui restent donc clairement des pondeuses).
Heureusement, Honor n'est pas transformée en pondeuse. Elle doit toutefois lutter plus d'une fois contre ces rétrogrades (qui font preuve en outre d'un fanatisme à pleurer de bêtise), ce qui n'est pas facile quand ils mettent en oeuvre des techniques terroristes particulièrement inélégantes.
Il y a d'ailleurs dans ces actes un je-ne-sais quoi de transgressif : ils tuent des gens qu'ils savent innocents sans même se cacher derrière la classique excuse du eux ou nous. Or à mon sens, aucun terroriste digne de ce nom ne peut agir sans ce ressort d'une opposition entre deux camps, nous et et eux. Elle permet en effet de massacrer les eux sans trop se faire de souci pour son âme, tant que les nous sont préservés. Là, les terroristes en carton-pâte attaquent des gens qu'il est difficile dans le contexte du roman de prendre pour autre chose que des nous. Bon, l'auteur prend des précautions oratoires, du genre l'accident dramatique arrivera à un moment aléatoire. je ne suis toutefois pas du tout saatisfait de cette espèce de cascade littéraire, qui consiste à se réfugier derrière son dieu bienveillant pour massacrer ses voisins.
A côté de ce défaut grossier, je ne peux que m'ébahir des déluges de "chance" qui pleuvent sur Honor Harrington. En effet, il suffit qu'elle aille quelque part pour être prise comme cible de tous les abrutis infoutus de monter un plan sérieux qui peuvent traîner dans le coin. Et curieusement, à chaque fois, elle s'en sort. Ca ne vous surprend pas, vous ?
Heureusement, ces défauts grossiers ne coulent pas le roman, essentiellement grâce au talent évident de l'auteur, qui est un faiseur d'histoire absolument incroyable : son roman tient grâce à deux ficelles grosses comme la main, on les voit dès le début du roman. Pourtant, il nous tient suffisament par la main pour qu'on croie à toutes ces âneries !
Je ne vous conseillerai donc pas de lire. Pourtant, je me jetterai sans l'ombre d'une hésitation sur le tome suivant. Si vous voulez, pour moi, Honor Harrington, c'est un peu les feux de l'amour. C'est débile, c'ets mal fait, mais je n'arrive pas à me retenir de les lire.