Il était une fois trois fées qui vivaient heureuses dans leur forêt enchantée. L'une d'elle était amoureuse d'un elfe noir. Un jour, hélas, elle le quitta pour un Korrigan et il décida de se venger. Il sabota le miroir magique de la fée volage. Or, si fabriquer un miroir magique est horriblement compliqué, le détruire est terriblement dangereux...

Review

Heureusement, quand j’ai commencé ce bouquin, que je me suis souvenu que Catherine avait aussi écrit Le goût de l’immortalité, sinon j’aurais pu être surpris par le côté pas si drôle de cette histoire. En même temps, je comprend bien qu’on ait envie à un moment d’abandonner la rigolade à tout crin pour mieux, justement, faire passer les moments un peu drôle, même quand c’est de l’humour assez noir(1).

Bon, et maintenant, il me faut annoncer quelque chose de plutôt rude. J’ai pas vraiment aimé ce tome 0 en fait. Ca n’est pas un problème d’écriture, parce que j’aime toujours beaucoup le style 239131. C’est plus un problème de construction, en fait, qui m’a rappelé certains Terry Pratchett(2). Je vais m’expliquer un peu plus clairement. Quand le bouquin commence, on s’attend à une histoire "classique" pour Catherine, un grand n’importe quoi plein de trouvailles grotesques et drôles, un voyage dans un imaginaire pas tout à fait traditionnel, avec fées lesbiennes, arbres priapiques et alcool à tout va. Et c’est vrai que ça commence bien de ce point de vue.

Seulement, à un moment donné, la quête surgit. Et cette quête va emmener les fées loin de chez elle, pour une visite que j’ai personnellement trouvé formidable dans une fantasy beaucoup plus classique, voire même la fantasy la plus exemplaire. C’est à son tour une partie fort bien faite, dans un style différent, puisqu’on y revisite avec une ironie mordante le voyage aller des hobbits. J’ai trouvé d’ailleurs le ton de cette partie particulièrement bien trouvé, avec sa douce ironie pour ces quêteurs qui ne peuvent pas s’empêcher de faire toutes les conneries possibles, pour finalement réussir leur quête, mais dans la douleur. Et puis bien sûr, sa conclusion est particulièrement poignante.

Seulement c’est après, quand les fées rentrent chez elles et que les choses tournent différement, que ça se gâte. Honnêtement, je ne sais pas comment cette partie aurait dû être. Et en fait je ne sais même pas si la manière dont elle est organisée est la meilleure ou pas. Mais ça m’a l’aissé une impression étrange. L’impression que ça aurait peut-être pu être mieux fait. L’impression qu’il manquait peut-être un peu de fluidité. Pourtant, certaines scènes y sont très émouvantes, comme celle où Babine-babine découvre la puissance des mots sur ces pauvres humains déséspérés. Mais je sais pas, j’ai eu l’impression d’un truc bizarrement tourné. Pas mauvais, hein, juste un peu agaçant.
Bon, je sais, j’ai l’air très critique, et c’est parfaitement injuste parce que ce roman est loin d’être mauvais. Peut-être que j’avais de trop fortes attentes. Peut-être que j’avais encore en tête un mélange de ses précédents romans, ce qui est sans doute une bêtise. Mais c’est quand même un bon bouquin, avec une histoire assez incroyable.

(1) Je pense en particulier à un COT qui réveillera longtemps les adepts d’amours gallinacés.
(2) Et je ne dis pas ça parce que le britannique fait partie des influences vendues en quatrième de couverture.