Northampton : petite ville située au centre de l’Angleterre, habitée depuis la préhistoire et peuplée de 200 000 âmes. Dont Alan Moore.
C’est lui qui, à travers les siècles et douze récits qui s’entremêlent, en dessine une histoire faite de sorcellerie, de mensonges, de vérités et de morts. On y rencontre un homme oiseau, une sorcière, un ancien croisé traumatisé, un enquêteur romain, une nonne éclopée, un VRP et même... une tête sans corps. Autant de voix qui se mélangent dans la chaleur des brasiers.
Un autre de ces chefs-d’oeuvre dont Alan Moore a le secret.
Review
Dans ce roman-mosaïque, l'auteur nous fait vivre l'histoire de Northampton à travers les destins, globalement tragiques, de personnages de toutes les époques : un hominien, un seigneur du temps des croisades, un poète fou, seront certains de nos guides dans cette visite qui ne manque pas d'ambition. On suivra chacun de ces personnages dans des nouvelles invariablement racontées à la première personne, pour nous faire voir à chaque fois leur chute et, quand on a de la chance, leur mort. Du coup, évidement, le récit a un ton assez sombre, et les personnages sont rarement les vainqueurs de l'histoire, même l'auteur qui raconte le dernier récit.
Ce qui m'attriste avec cette histoire, c'est justement que, du premier au dernier, les récits sont invariablement difficiles d'accès (avec toutefois une difficulté spéciale pour le premier et le dernier) : les personnages sont souvent incohérents, la trame temporelle est assez souvent maltraitée (voir carrément déchirée, comme dans ce récit où - un peu à la manière du chapitre de Watchmen racontant comment le Dr Manhattan est apparu - on voit trois personnes d'époques différentes mourir simultanément).
En fait, je me doutais déjà que Moore était un scénariste adepte des cabrioles scénaristiques. Mais j'ignorais qu'il jouerait à ce point avec les différents niveaux de réalité du récit, et qu'en plus il faisait de l'art pour l'art et n'hésitait pas à rendre son récit totalement illisible pour la beauté d'une idée ... qui n'aurait pas forcément dû être exploitée.
Et comme chaque fois, ce maniérisme m'exaspère, parce qu'il rend l'histoire inaccessible. J'ai bien compris qu'il exploitait le mauvais côté de l'histoire de sa ville. Mais franchement, tout cela m'a paru un peu forcé, quand bien même ce livre est le fruit d'une époque (1995, ça a déjà 20 ans !) où la ville devait semblait bien sordide.
Ca ne change pas grand chose à mon avis sur ce roman, qui n'aurait peut-être pas dû sortir, et rester une oeuvre pour initiés, ou fans complétistes de l'auteur, ce qui n'est certainement pas mon cas.