Review

Après le choc de Seul sur Mars, Andy Weir revient donc avec ce roman dont l'action se situe intégralement sur la Lune. Et plus précisément autour de la ville lunaire d'Artemis. L'action est narrée (et vécue) par Jazz, coursière et contrebandière notoire, qui se retrouve embrigadée dans une sombre histoire de guerre économique moderne, avec sabotage inclus.
On retrouve dans ce livre l'un des éléments marquants de Seul sur Mars : l'attachement rigoureux au détail technique, la vraissemblance dans tous les détails (ou presque, puisque j'ai fortement tiqué quand il a été question d'une athmosphère composée uniquement d'oxygène - toxique aux fortes pressions), et le narrateur unique.
En revanche, autour de ces éléments classiques, beaucoup de choses changent : la narratrice est évidement une femme (dont le langage intérieur ressemble beaucoup à celui de John Watney), elle vit aux franges de la légalité, et ce roman nous parle de son plus gros coup, et de l'enquête policièe qui suit.
Et franchement, ce roman est la preuve qu'on ne peut pas forcément prendre un style, aussi excellent soit-il, et le projeter dans un autre contexte. Parce que de mon point de vue, ça ne marche pas. Je m'explique. La particularité de ces romans est d'être très connotés NASA : on mange du sigle, de l'équipement d'astronaute, mais aussi de la façon de penser : la sécurité avant tout, l'environnement est dangereux, il faut faire confiance à ses coéquipiers, le matériel doit être préservé, ... Et ça s'applique assez - voire très - mal aux actions de notre narratrice, qui va saboter du matériel en risquant bêtement sa vie, puis se lancer dans une série d'improvisations de plus en plus dangereuses. Résultat, j'ai eu beaucoup de mal à entrer en empathie avec elle. Pourtant l'auteur essaye de forcer ça à travers une seconde ligne narrative composée de ses échanges avec un correspondant terrestre, qui nous aide à comprendre comment sa vie est devenue ce fiasco. Mais ça ne suffit même pas.
Qui plus est l'intrigue, et les rôles des différents seconds rôles, est plutôt faible.
Pour l'intrigue, ça commence mal avec le milliardaire qui s'attaque à une mafia sans se douter des conséquences. Ca continue encore plus mal avec l'administratrice lunaire qui reconnaît que son expérience sera détruite par cette mafia, mais qui ne semble envisager aucune parade. Et ça se termine franchement mal avec cette histoire de sieste générale que j'ai trouvée inutile et vaine.
Pour les seconds rôles, je leur ai trouvé un manque de personnalité absolument criant. Globalement, ils n'ont à peu près qu'un attribut descriptif. Honnêtement, c'est très pauvre, et ça ne suffit pas pour moi.
Au bout du compte, plus que ces défauts, le pire, c'est d'avoir l'impression d'assister à une scène de loose ordinaire : la narratrice tente une arnaque, échoue, et retombe à peine sur ses pieds. C'est vain, et plutôt inintéressant.