L'auteur de ce livre aime le hard-rock, le metal, et toutes ces musiques.
L'auteur de ce livre aime également écrire de la fantasy très traditionnelle, mais avec ce côté doucement sarcastique que le monde entier envie aux américains (en fait, non).
L'auteur de ce livre et son agent se sont donc dit que faire un livre qui mêlerait les deux univers serait le plus sûr moyen de vendre ce livre par palettes entières.
Et je pense que chez certains, ça marche.
Chez moi ... pas du tout.
Parce que figurez-vous que j'ai peut-être de la fantasy une vision un peu trop traditionaliste (ce qui serait assez comique, pour une littérature aussi violemment réactionnaire), mais je ne crois pas qu'on puisse raconter n'importe quoi.
En l'occurence, dans ce roman, on suit Clay Cooper, membre d'un groupe de mercenaire jadis très connu qui reprend les tournées pour aller sauver la fille de l'un d'entre eux. En chemin, ils rencontrent d'autres groupes de mercenaires, parlent de leurs tournées passées, admirent les chariots de tournée d'autres groupes, se battent contre leur ancien manager, détruisent une auberge lors d'une soirée de fête, bref, se comportent exactement comme des stars du metal, parce que ce livre tente de transposer l'univers du metal dans une espèce de décor de fantasy en carton-pâte. De mon point de vue, ça ne marche pas pour une foule de raisons.
D'abord, c'est de la fantasy sans habitants : dans ce roman, il n'y a pas de paysans, peu de gardes, pas de courtisans. Il y a juste des mercenaires, des châteaux, et des monstres (autrement dit une version simplifiée de donjons et dragons). Ca rend les choses un peu artificielles. Sans compter le fait que les monstres sont innombrables (à cause du passé lointain, tu vois).
Ensuite, le livre est trop rempli de péripéties sans intérêts : en 600 pages, on reconstruit le groupe (y compris la libération d'un des membres qui était évidement retenu dans une prison louche), on traverse le continent, on casse un siège, on tue le grand méchant. Chacune de ces actions, qui méritait un développement un poil en profondeur, est survolée avec ce que je ne peux qualifier que de nonchalance de la part de l'auteur : les héros s'en sortent toujours sans une égratignure, et quand leurs alliés momentanés meurent, ça ne semble émouvoir absolument personne. Et j'ai trouvé ça un poil dérangeant. Plus qu'un poil, en fait, parce que du coup, il ne se dégage de tout ça aucune émotion de la part de Clay Cooper, qui est le personnage principal de ce récit. Rien. La seule chose qu'il souhaite, c'est revoir sa femme et sa fille. Mais à ce moment-là, il devrait rechigner un minimum à ces aventures rocambolesques et inutiles. Au lieu de ça, il suit le mouvement, frappe quand il faut frapper, boit des bières quand il faut boire des bières, et c'est tout.
Et c'est sans compter sur le reste du groupe, que j'ai trouvé dans l'ensemble d'une immaturité pathétique. Ces hommes, qui ne sont plus si jeunes, ne semblent avoir rien appris de la vie et paraissent au contraire marqués par l'adulescence. Alors que pourtant, l'un d'entre eux est devenu roi ... Et un roi apparemment aimé de son peuple. Il devait donc faire un ou deux trucs intelligents et se soucier un minimum de faire les choses correctement, non ? Au lieu de ça, il plante son monde pour partir à l'aventure. En un sens, ça m'a rappelé les mauvais côtés de La Mallorée de
David Eddings : quand les rois de plusieurs pays quittent leur trône en catimini juste à cause du poids des responsabilités. Les pauvres choux !
Eh bien là, c'est pareil, je regarde ces hommes, je me dis "les pauvres choux", et je pense à la définition de la masculinité fragile : ces hommes qui ne rêvent que de lâcher des responsabilités qui sont loin d'être écrasantes pour retourner vivre dans un état d'esprit loin des responsabilités. L'exemple canonique étant évidement le personnage principal, qui quitte sa femme et sa fille pour suivre l'ancien meneur de son groupe parce qu'il ferait la même chose pour sa fille ?
Est-il donc utile de vous dire que je n'ai pas aimé cette lecture ? Je ne crois pas.