Review

Dans ce roman, on suit les passagers d'un vaisseau générationnel - l'un de ces vaisseaux où les voyageurs vivent pendant plusieurs générations avant d'arriver à destination. Evidement, le roman commence quand le vaisseau approche de son objectif. Mais, parce qu'il y a un mais, la colonisation s'avère impossible (à cause d'un micro-organisme tueur). Ca va entraîner la division dans les colons, et certains vont prendre le chemin du retour vers la Terre. Et d'une façon inhabituelle, ce sont ces passagers que nous allons suivre.
J'ai trouvé ce roman très intéressant.
Bien sûr, je savais déjà que l'auteur était brillant, et que ce qu'il écrivait était souvent de la plus grande intelligence, même si il y avait parfois une certaine sècheresse dans le propos. Qui plus est, le fait que l'auteur choisisse comme personnage principale non pas l'ingénieure géniale, mais sa fille Kerya qui nous est présentée comme limitée, voire un peu bête par rapport à sa mère. Autant dire qu'à la fin du premier chapître, je me demandais vraiment où le roman s'en allait.
Mais la littérature est toujours pleine de surprises. En effet, l'approche de la planète Aurora, qui donne le titre au roman, permet à Kerya de révéler peu à peu une certaine forme d'intelligence relationnelle, qui fait d'elle, malgré ce qu'elle prétend, le leader des habitants de ce vaisseau.
Vaisseau qui est d'ailleurs la plus grande surprise de ce roman.
Parce qu'en le commençant, je pensais lire un récit de terraformation. Et au vu de sa trilogie martienne, c'aurait été un bon roman. Mais en fait, ce retour à la Terre donne l'occasion à l'auteur de développer dans une longue section centrale le rôle de ce vaisseau, qui n'est clairement pas qu'un véhicule, puisqu'on comprend rapidement qu'il est le narrateur de tous les chapitres, sauf le dernier. Et ce narrateur/vaisseau a une vie absolument extraordinaire, sans parler de ses évidentes capacités d'intelligence artificielle. Par conséquent, ce voyage retour, malgré l'horreur qu'il m'a inspiré quand les humains ont peu à peu détruit leur environnement, a été aussi un moment de rêve à partir du moment où les passagers ont été passé en hibernation.
Parce que les interrogations sur la conscience de cette IA sont fascinantes. Et son arrivée dans le système solaire est le genre de morceau de bravoure dont la SF est coutumière, mais qui ne cessent de me faire rêver.
Hélas, le dernier chapitre, faisant reprendre à Kerya contact avec la Terre mère, m'a paru particulièrement difficile à lire - malgré cinq dernières pages qui m'ont fait rêver.
Autrement dit, c'est un roman qui m'a laissé une impression très contrastée, avec parfois dans le même chapitre des pages incroyablement chouettes, et trois pages plus loin un moment aussi pénible que peu utile. Et ça, franchement, ça rend les choses difficiles pour le lecteur, et ça me rend cette lecture difficile à conseiller pour les gens qui ne sont pas absolument fans des vaisseaux spatiaux.