Derniers nés des laboratoires Tomorrow Foundation, Carbone et Silicium sont les prototypes d’une nouvelle génération de robots destinés à prendre soin de la population humaine vieillissante. Élevés dans un cocon protecteur, avides de découvrir le monde extérieur, c’est lors d’une tentative d’évasion qu’ils finiront par être séparés. Ils mènent alors chacun leurs propres expériences et luttent, pendant plusieurs siècles, afin de trouver leur place sur une planète à bout de souffle où les catastrophes climatiques et les bouleversements politiques et humains se succèdent...

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Review

Ce gros roman graphique nous raconte l'histoire de deux androïdes, créés de nos jours, et de leur lente exploration du futur sur ces deux cent prochaines années. Cette exploration les amènera à travers le monde, dans différents types de communautés et d'engagement, avec toutefois une particularité : Carbone, qu'on suit de très près, change de corps régulièrement, quand Silicium essaye de maintenir le sien en état, ce qui n'est pas si facile au début.
C'est franchement très beau, comme le furent Adrastée ou Shangri-La.
Et comme le furent ces oeuvres, c'est très contemplatif. Parce que l'auteur ne semble pas fan des scènes d'action. Et quelque part, j'approuve cette idée, parce que dans la BD, l'action se déroule toujours entre les cases.
Et tout cela est vraiment très beau. Je pense même que je vais devoir lire ça dans quelques temps pour mieux m'imprégner du trait.
Mais je le lirai en essayant de faire plus abstraction des dialogues. Parce que là, franchement, ça ne va pas.
Je m'explique.
Nos deux personnages principaux sont des IAs incarnées dans des androïdes, abreuvées dès leur conception de toute la connaissance trouvable sur Internet (ça fait un bon paquet). Qui plus est, ces deux personnages vivent pendant au moins deux cents ans. Si je devais comparer, c'est l'échelle de durée de vie des martiens dans la trilogie martienne de KS Robinson. Or, ici, les deux personnages restent coincé dans une vision terriblement stérotypée de la pensée contemporaine. Et ça pourrait être amusant, si ils ne se prenaient pas si terriblement au sérieux. Pour le dire autrement, lorsque Silicum accuse Carbone de rester coincée dans une pensée petit-bourgeoise, c'est vrai, et ça le reste pendant une bonne centaine d'années. Et je trouve ça follement épuisant.
Enfin, pour ne rien arranger, cette oeuvre au demeurant fascinante subit une postface d'Alain Damasio. Et pour le coup, on sent que ce vieil auteur est devenu une caricature de lui-même : la postface, qui vise habituellement à apporter un éclairage nouveau sur l'oeuvre, est ici une espèce de gloubi-boulga indigeste de phrases où il se regarde écrire. C'est à mon avis un ajout des plus discutables.
Un aout, qui ne devrait pas vous empêcher de vous plonger dans cette oeuvre lente, contemplative, qui déroule sous vos yeux une espèce de futur un peu glauque, mais néanmoins très regardable.