« La fée haussa les épaules :
— Ces jeunes sont aussi agréables qu’une descente de moustiques. Que veux-tu qu’ils fassent de pire que brailler, tout casser, écrire des gros mots sur les murs et flanquer le feu aux charrettes ? Se mettre à descendre tout le monde en pleine rue ?
— Et ton coach sportif, demanda Pétrol’Kiwi en arrachant un étage de champignons d’un coup sec, il a des nouvelles de Figuin, de son côté ?
— Aucune. Je me demande si c’est un signe. Figuin adorait faire du sport. Il n’aimait que ça, à vrai dire.
Pétrol Kiwi se figea, champignons en main.
— S’il a renoncé au plaisir de sa vie, grogna-t-elle, je crains qu’il fasse en sorte que ça ne dure pas trop longtemps.
— Quoi ? D’arrêter le sport ?
— Ça. Ou la vie. »

Un roman de fantasy, avec des elfes, des lutins, des fées, des bourdons magiques... et des métis ogro-nains. Dans l’immense ville de Scrougne, un garçon nommé Figuin vit très mal le racisme et la misère auxquels il est confronté. C’est alors qu’entre en scène un banquier... Froid, inusable, immensément riche, il cherche à l’être plus encore. Il décide de creuser un fossé au milieu de la population, afin de jeter une moitié aux trousses de l’autre – qui lui achètera des armes au passage. Il lui faut un garçon un peu paumé à endoctriner, pour l’envoyer se faire exploser au milieu d’une fête de quartier.

Catherine Dufour, avec la verve qui a fait le succès de Blanche Neige et les lance-missiles, renoue avec la fantasy pour mieux dire les désordres du monde dans lequel nous vivons, et les peines immenses qu’ils engendrent.

Review

Ce roman est peut-être ma lecture la plus difficile dans l'oeuvre de Catherine Dufour.
Au cas où vous ne l'ayez pas écouté dans la salle 101, Catherine a écrit ce roman suite aux atrocement douloureux événements du Bataclan. Elle a d'ailleurs écrit un article frappant sur son blog à ce sujet. Je me doutais donc du genre d'oeuvre que j'allais lire, ce qui ajoutait de l'appréhension à tout le reste.
Donc Catherine Dufour recycle le cadre de Blanche-Neige et les lance-missiles pour y raconter une histoire qui, sans être celle du Bataclan, en est beaucoup trop proche pour ne pas faire horriblement mal. Franchement, je ne sais même pas comment commencer à raconter l'histoire, je vais donc éviter.
Ce que je vais plutôt écrire, c'est que j'ai bien senti à quel point Catherine était retournée par ces événements, parce que ce roman contient toute la rage qu'à Catherine pour tout un tas de trucs : la politique qui fait privilégier la vente d'armes à la compréhension de l'autre, la basse stupidité des "gens" toujours prêts à manger une haine prémâchée, l'ignominie des uniformes, et bien d'autres.
Bref, c'est une lecture qui fait remonter tous les relents nauséabonds que nous assène un capitalisme décadent. Franchement, je m'attendais à une oeuvre dure, mais je ne m'attendais pas à ce que tout y soit aussi dur.
Hélas, j'ai parfois eu l'impression que cette dureté ramenait Catherine dans un style un poil foutraque ... Pour le dire autrement, le mélange entre l'innovation linguistique, les ellipses abondantes, et les personnages multiples rendent la lecture assez difficile.
Cela dit, c'est une lecture nécessaire, rendue en plus un peu plus facile par les références à Terry Pratchett qui parsèment l'oeuvre ... des références que j'ai comprises comme un hommage de Catherine à celui qui a dû être un maître pour elle.
Comment conclure ? Je vous laisse vous faire votre idée sur cette oeuvre.