Ces derniers jours, ma partie visible de l'internet bruisse d'inquiétude :
Deux nouvelles pas vraiment différentes : Java et Flash sont deux façons de faire tourner des applications multiplateformes ayant une identité propre; ce que Steve Jobs (ou tout au moins sa cour, qui comme toute cour est prête à un peu de zéle) semble
ne plus apprécier ces temps-ci (il est d'ailleurs amusant de voir que la section 3.3.1, qui forçait les développeurs d'applications iPhone à utiliser
Objective C,
C++ ou
Javascript, a été remplacée par une version "plus" ouverte). Donc à partir de Lion, si vous voulez faire du
Java ou du
Flash, il vous faudra faire comme sous Windows, Linux, ou tant d'autres OS : installer la machine virtuelle correspondant, et laisser l'installeur s'assurer que tout le monde sait où se trouve cette machine virtuelle ... ce qui va ouvrir la porte sur le Mac aux problèmes de compatibilité divers et variés, dont les utilisateurs de ce système prétendaient ne jamais entendre parler. Cette annonce suscite en moi plusieurs réflexions.
Apple est en train de révéler une nature totalitaire
Par des décisions arbitraires, permettant à chaque fois un peu plus d'enfermer les utilisateurs dans un espace clos et verrouillé par la compagnie, Apple ne fournit désormais plus aux gens le moyen de "
penser différemment" (ce qui fut son slogan au moment où Apple se voulait être la marque d'une élite distinguable de la plèbe informatique qui se tournait invariablement vers les "beige boxes"). A titre tout à fait personnel, je me demande comment Apple, qui dispose de parts importantes dans le domaine du téléphone portable, et espère faire de même (grâce à son statut d'icône de la mode) dans le domaine des ordinateurs va esquiver l'avenir tout microsoftien qui s'annonce pour eux (pensez par exemple aux procès pour déformation de concurrence divers et variés qui ont peuplé l'histoire de Microsoft vers les années 2000 - au faîte de sa gloire et avant l'émergence de "Linux sur le bureau"). Mais bon, ils ont des avocats et des
zélotes assez nombreux et assez bavards pour pouvoir dégonfler ce genre de ballons. Cela dit, Apple est une entreprise, et arriver au seuil du monopole est, comme pour toutes les entreprises du monde, son désir le plus cher et son problème le plus grand.
Une chance pour Flash et Java
A l'heure où la plateforme mac est de plus en plus répandue chez les développeurs, ne plus être fournis par défaut est, pour ces deux plateformes, une chance. En effet, pour chacun de ces langages, les utilisateurs ne seront plus tenus au calendrier d'Apple. Parce que, contrairement à ce que le gentil Steve dit dans son univers de Bisounours, la raison qui décale le calendrier Apple des autres en ce qui concerne le JDK (que je connais bien mieux que Flash, désolé), c'est leur façon de tout bundler dans leur OS. Ca donne bien sûr lieu à
quelques problèmes, qui ne sont sans doute pas étrangers à cette opération (problèmes qui furent à l'origine de sérieux arrachages de cheveux dans une précédente vie professionnelle). Du coup, en arrêtant officiellement de fournir le JDK, ils vont enfin permettre aux développeurs Java friands de cette plateforme de se tenir à jour. Bon, accessoirement, ils dégagent aussi des ressources en interne pour d'autres projets, mais comme disent les professionnels, "cela ne nous regarde pas" (citer les inconnus en 2010, c'est être has been, non ?).
Des histoires d'ego bien cachées
Accessoirement, il m'apparait de plus en plus qu'Apple est une entreprise guidée par l'ego : Steve Jobs s'est débarrassé avec Flash et Java de vieux contentieux envers Adobe et Oracle qui trainaient. Pour Oracle, pas de problème, James Gosling explique tout. pour Adobe, il faut que je retrouve le lien, mais certains sur le web évoquent l'hypothèse que ça pourrait être dû au fait que, pendant un moment, Adobe a arrêté de livrer ses softs pour Apple, ce qui, à l'époque des faits, a entrainé un gros recul des ventes (qu'évidement Steve n'a pas apprécié). Aujourd'hui en position de force, il se venge.
Cela dit, à titre personnel, tout ça ne me fait pas grand chose : je vous rappelle que j'utilise un PC, et que Windows, c'est pas mon idée ... mais que j'aime bien quand même (parce que eux ne mélangent plus la domination du monde et les bénéfices à dix ... douze ... enfin, beaucoup de chiffres).