Après Sex Criminals et Berserk, j'ai entamé une oeuvre à la couverture un peu mystérieuse.

Le comics est assez long et, honnêtement, j'ai beaucoup plus l'impression de lire un manga qu'autre chose. Mais de quoi ça parle ?

Monstress nous raconte l'histoire de Maika Demi-Loup, prise dans une guerre entre humains (et sorcières) et mutants issus d'anciens qu'on pourrait dire anthropomorphique (on trouve parmi ces anciens une louve, un renard, une femme aux bois de cerfs, des oiseaux). Et dans cette guerre, Maika va découvrir qu'elle porte en elle un dieu monstrueux issu d'une ancienne ère, que sa mère lui aurait attaché (les lecteurs me diront tous que chacune de ces phrases une simplification absolument outrancière de la complexité de cette oeuvre, et je serai bien d'accord, c'est toujours beaucoup plus compliqué que ça). En chemin, elle va s'entourer de quelques personnages pour ne pas mener de quête pour sauver le monde, ne pas non plus conduire l'un des camps à la bataille, ne pas non plus changer le monde. Mais ça, ça n'est même pas l'aspect le plus spectaculaire de cette histoire.

L'aspect le plus spectaculaire, c'est qu'à part deux exceptions notables, tous les personnages sont féminins. Ca n'a l'air de rien, mais dans un récit de guerre comme celui-là, voir des personnages féminins prendre les rôles de généraux méprisant la vie de leurs troupes, de scientifiques fous prêts à sacrifier des enfants, est un retournement des plus salutaires. Et pour le coup, ça ne change strictement rien aux enjeux du récit.

C'est tellement spectaculaire que ça cache peut-être les grandes qualités d'un récit qui est joliment dessiné (avec un usage intelligent des flous), dont le scénario est bien pensé pour toujours nous montrer Maika comme un monstre, à la fois à cause de sa cohabitation forcée, mais aussi à cause de son comportement de pur prédateur. Parce que dans cette galerie de femmes dangereuses, elle n'est pas la dernière à tuer des gens simplement parce qu'ils sont sur sa route. En fait, ça en fait peut-être l'un des personnages les plus mortellement dangereux que j'ai vu. Encore plus, sans doute, qu'Elric lui-même.

Autrement dit, lisez cette oeuvre, qui par ailleurs collectionne les prix Eisner. Au passage, l'oeuvre a reçu le prix "pour adolescents". Mais franchement, à moins que je ne fasse preuve d'une sensiblerie coupable, je ne comprends pas trop cette séparation adolescent/adulte.