Avant d’aller plus loin, un avertissement au lecteur. Il s’agit d’un ouvrage de
Michael Marshall Smith. Il faut donc dès le départ abandonner pas mal de choses au vestiaire : comme par exemple l’illusion souvent entretenue que le personnage principal doit être positif, car l’auteur a des racines manifestement issues du roman noir, et son héros part toujours (tout au moins dans les différents romans que j’ai lu) d’une image assez classique du privé un peu glauque, limite malhonnête et trop souvent drogué (quoiqu’il ait ici de bonnes raisons d’avoir un tel comportement). L’un des autres points forts de cet auteur, excessivement déconcertant pour le lecteur, et son utilisation d’un unvers très dickien dans l’esprit, où la réalité n’est pas vraiment ce qu’elle devrait être et, quand bien même elle l’est, elle n’est peut-être pas aussi réelle qu’elle en a l’air.
Mais je me rends compte à l’instant que je n’ai pas évoqué du tout ce roman. Il n’est pourtant pas mal du tout, quoique pas au niveau d’
Avance rapide, par exemple. Il semble aussi que ce roman ait été dévoré pour servir de base au script de The Island, une platitude cinématographique d’outre-Atlantique, ou tout au moins utilisé, comme nous le dit FilmDeCulte. Bref, pour ne pas trop le déflorer, le héros prend donc pitié d’une bande de clones utilisés comme stocks d’‘organes en bonne santé pour les emmener. Dans sa fuite, pas de bol, il est obligé de repasser par son ancienne ville, une espèce de cité-immeuble du vice à plus de deux cents étages et autant de perversions au moins. Et, comme si ça ne suffisait pas, pour aider ses jeunes orphelins, il doit replonger dans un passé glauque, mélant une guerre virtuelle et la disparition de sa famille.
Comme je le disais dès le départ ou presque, ce roman ne vaut pas
Avance rapide. En effet, le rythme n’y est pas aussi bien maîtrisé, les personnages ne sont pas forcément très bien campés, et le décor, quoique très élégant dans un style tout en décadence, n’a pas le charme foncièrement dévastateur de cette cité-monde touchée d’une fièvre séparatiste. Mais, surtout, l’intrigue, bien qu’on soit dans un univers à la 1036615, est un peu trop confuse à mon goût.
Ca reste donc un assez bon roman dans l’absolu, mais un cran en dessous des meilleurs de l’auteur.