Stark n’est pas un privé comme les autres. Il aime les chats et possède un goût inné pour choisir ses chemises. Plus encore, il a un don qu’il utilise dans les cas d’urgence. Un don tellement incroyable qu’il vaut mieux ne pas en parler. On le prendrait pour un fou.
C’est pourquoi, lorsqu’on lui demande de retrouver un haut-fonctionnaire qui a disparu, il ne s’attend qu’à une enquête banale… Mais voilà, l’affaire est plus compliquée qu’il n’y paraît et la solution tend dangereusement vers le passé de Stark. Un passé qu’il avait oublié, mais qui, en revanche, se souvient bien de lui.
Dans un univers à venir complètement déjanté où les objets parlent, où rêve et réalité règlent leurs comptes à grands coups de poing, Stark est le seul qui peut faire la différence, car il n’y a pas de retour en arrière possible et le temps presse.
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Analyse : Roman de science-fiction (cyberpunk).

Review

Un petit résumé


Ce roman nous raconte les aventures de Starck, une espèce de détective privé un peu étrange, dans une ville aux dimensions d’un contient, munie de particularités assez étonnantes. Celui-ci doit aller exfiltrer une espèce de vieux cadre dynamique, censément enlevé ...

Un début d’avis


J’ai lu, il n’y a pas si longtemps, du même auteur, La Proie des Rêves. Ce qui est étonnant, c’est qu’on retrouve dans les deux romans d’assez nombreux points communs : le rêve est indiférenciable de la réalité, qui n’est pas elle-même ce que l’on peut en croire. Ca ressemble à du Philip K. Dick, me dites-vous ? Autant, pour La Proie des Rêves, j’aurais répondu non, autant là, à partir d’un moment, oui, j’ai bien cru voir sortir des morceaux de le dieu venu du centaure, pourtant, si il s’agit à mon avis d’un des hommages évidents de l’auteur, il ne s’agit pas d’un roman de Philip K. Dick, et par bien des aspects, qui tiennent autant à la narration et aux personnages qu’à la forme de l’univers.
La narration, pour commencer, prend vraiment le lecteur aux tripes. J’ai déja dit bien des fois tout le bien que je pensais des récits à la première personne, et ça se confirme encore une fois. Bien que Starck ne soit pas ce qu’on pourrait appeler un héros attachant, on l’aime, on le suit, on pense avec lui, et on est souvent confus … comme lui. Car Starck est un personnage des plus confus, qui fait penser d’assez près aux détectives privés de la littérature (enfin, je dis ça, je n’ai jamais lu un seul roman mettant en scène ce genre de personnage, c’est plus de l’ordre de l’imaginaire collectif). Par de nombreux aspects, il porte en lui ce côté imper crasseux, clope tordue au coin des lèvres, dur à cuire que rien n’arrête. Pourtant, cette facade se lézarde souvent, aussi bien dans les phases où il se bat pour sa peau que dans d’autres, où le lecteur comprend que son travail repose sur d’autres bases. Et sous ces lézardes, on voit apparaître un autre individu peu en phase avec son monde. Mais ça, ça n’est pas bien difficile ! Le monde que nous décrit 2327917, avec ses Quartiers tous plus étranges les uns que les autres, est à mes yeux complètement incroyable : un ensemble de de petits pays, tout à fait isolés les uns des autres, où chaque coin de rue peut révéler un environnement surprenant, et où surtout les règles changent quasiment tous les kilomètres ! La grande force de l’auteur est d’insufler une vraie vie à cet endroit, alors même que les personnages le parcourant ne sont pas très nombreux, et alors surtout que son étrangeté est parfois très difficile à admettre (comme par exemple pour le Quartier chat). Mais bah, habitué que je suis aux expériences de la sf, je me suis facilement laissé emmener dans ce monde, et je n’ai pas regretté le voyage.

Attention aux spoilers, maintenant.


Mais ce voyage de la première partie n’est rien, selon moi, face à ce que réserve la deuxième partie : cet univers, étrange et fascinant, qu’a construit l’auteur se lézarde à son tour pour révéler un monde du rêve, qui ne peut que faire penser aux légendes aborigènes, qui est tout aussi réel que l’univers d’où vient le héros. Quoique… Lorsque l’auteur, avec la maîtrise la plus extrême, nous explique trois pages avant la fin (je vous avais prévenu, le spoiler qui tue commence ici) que le héros et son ennemi viennent de notre bon vieux monde, là, c’est proprement fabuleux : tout s’écroule, et pourtant tout reste pareil, rien n’est clair, sauf peut-être cette conviction que Starck a choisi sa réalité. Et c’est là, justement, lorsque 2327917 détruit son chateau de cartes, que l’ascendance de Philip K. Dick se révèle le plus clairement, je trouve. Alors qu’il aurait pu finir son récit tranquillement, il préfère nous asséner une grande baffe dans la figure, avant de nous pousser gentiment vers la sortie.
Bref, un grand moment de littérature, que j’ai vraiment beaucoup apprécié (beaucoup plus en tout cas, que Philip K. Dick) et que je ne peux que vous recommander chaudement.