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J’ai un peu honte, mais je vais devoir écharper ce bouquin. Et ce sera à peu près aussi laid que sa meilleure idée(1). Je vais devoir l’écharper car il m’a tout simplement mis en colère tellement il était mauvais. Pas simplement médiocre comme ça arrive parfois, mais franchement mauvais, et à tous les points de vue.
Mauvais d’abord dans sa construction. Le récit entrecoupé de flashbacks sur les différents acteurs du récit est désormais tellement convenu, tellement utilisé, tellement galvaudé qu’il vaut encore mieux lui préférer une structure simplement linéaire. Surtout que cette construction n’est ici que pour faire "riche", ou plutôt "littéraire". Les différents flashbacks n’apportent en effet rien à l’histoire, à part bien sûr des occasions supplémentaires de regretter que ce bouquin ne soit que si peu écrit, et tellement raconté. Car, mis à part ces fatigants retours en arrière, il n’y a rien. Pas d’ellipse, pas d’invention, pas de génie. Juste des phrases à peu près aussi évocatrices que celles de cet avis (et j’ai même l’impression de leur faire honneur). Je suis désolé, mais pour oeuvre qui n’est passée à travers aucun filtre, c’est largement insuffisant. Pour conclure sur ces flashbacks, je ne peux qu’encourager l’auteur à jeter un oeil au bouquin auxquels ils apportent le plus : L’Usage des armes. Bien sûr, vous m’objecterez que le style le plus invisible peut servir un récit, si celui-ci a une force, un souffle, bref, s’il évoque quelque chose. Las, les aventures de l’inspirateur(2) de d’Artagnan, et d’une fée exilée du Royaume de la magie, d’où provient toute réalité, dans notre monde pour sauver le leur a eu pour moi des relents de ce bouquin dont le seul intérêt est le côté porno pas trop chic : Le Baiser des ombres. on y retrouve en effet la même dualité royaume magique/royaume physique, le même personnage de jeune femme exilée devant sauver son royaume magique, la seule différence étant la façon de le sauver. Et franchement, je trouvais déja que Le Baiser des ombres était une bouse par son récit, mais au fil de ma lecture, j’en suis venu à lui trouver des vertus cachées. Car Faërie Hackers ajoute à l’indigence du style une intrigue des plus creuses, aux personnages plus diaphanes que les ailes des fées qu’il présente, le tout dans un décor parisianiste de pacotille. Bref, je n’aurais sans doute pas à aller plus loin pour vous faire comprendre tout le mal que j’ai pu en penser. Et ma colère vient justement de là. La quatrième de couverture nous vante un roman écrit par un des chefs de file de la nouvelle SF française. Et ben, comme ils disent à la nouvelle star(3), j’espère que l’auteur a un métier autre qu’écrivain, parce que là, c’est pas gagné pour lui.

(1) le démon écorché à la recherche de sa propre peau
(2) pour l’auteur seulement
(3) J’adapte mes références culturelles au niveau du bouquin, hein