Imaginez une Terre poncée, avec en son centre une bande de cinq mille kilomètres de large et sur ses franges un miroir de glace à peine rayable, inhabité. Imaginez qu’un vent féroce en rince la surface. Que les villages qui s’y sont accrochés, avec leurs maisons en goutte d’eau, les chars à voile qui la strient, les airpailleurs debout en plein flot, tous résistent. Imaginez qu’en Extrême-Aval ait été formé un bloc d’élite d’une vingtaine d’enfants aptes à remonter au cran, rafale en gueule, leur vie durant, le vent jusqu’à sa source, à ce jour jamais atteinte : l’Extrême-Amont.
Mon nom est Sov Strochnis, scribe. Mon nom est Caracole le troubadour et Oroshi Melicerte, aéromaître. Je m’appelle aussi Golgoth, traceur de la Horde, Arval l’éclaireur et parfois même Larco lorsque je braconne l’azur à la cage volante. Ensemble, nous formons la Horde du Contrevent. Il en a existé trente-trois en huit siècles, toutes infructueuses. Je vous parle au nom de la trente-quatrième : sans doute l’ultime.

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Review

Vous allez dire que je vous tanne avec mes histoires de bateaux, de mer, de vent ... tant pis !
Parce que ce bouquin-là, c'est une espèce de grosse claque dans la tronche, un monument de la rafale, un hymne à la la seule, la vraie
baston(1).
Comment, dans ce contexte, ne pas être enthousiasmé par ce pack de
Rugby qui a pour destin d'aller de l'autre côté du vent ? Comment ne
pas admirer ces braves gens qui, pas après pas, traversent le
cyclone, affrontent le blizzard, et vont de l'autre côté de la trombe,
uniquement grâce à leur esprit de groupe.
Oh, bien sûr, il y a des défauts, comme le récit un peu difficile à
suivre au début(2). Comme aussi le départ en couille une fois la
montagne franchie.
Départ en couille ?
Oui. Pour moi, ce qui se passe après Norska n'était pas nécessaire,
même si certains passages en étaient particulièrement émouvants
(Oroshi, l'impériale Oroshi). Franchement, vous ne trouvez pas qu'il
aurait dû s'arrêter, éventuellement en suggérant du bout des lèvres la
suite, quand ils sont sur leur corniche ? Moi je trouve.
Mais bon, ça n'est pas quelques centaines de pages un peu moyennes qui
vont gâcher le pur chef-d'oeuvre de ce bouquin au sujet duquel on ne
peut que s'interroger : fantasy ? Nawak ? "Livre-univers" ? Expérience
littéraire ? Tout ça à la fois ? Obiwan Kenobi ?
Bref, c'était bien. Et d'ailleurs, plus d'une fois, j'ai failli
pleurer d'émotion(3). Moi ! Bref, c'était un bouquin génial,
incroyable, formidable. Une baffe de Golgoth dans la tronche, la
flamboyance d'un Caracole dans les pages, le tout habillé par la
richesse de cette bande de contre, la meilleure. Lisez-le, c'est un
pur chef-d'oeuvre.

* (1) Oui, je sais, pour vous, la baston, c'est des mecs qui se
foutent des pains dans la tronche. Pour moi, la baston, c'est autre
chose. C'est des paquets de mer qui vous passent par-dessus la
tronche, des bateaux qui se retournent comme des fétus de paille, des
gens à la flotte par dizaine. Bref, la baston, ça ventile bien.
* (2) Avant que je ne m'habitue à ce récit polyphonique et aux
covnentions de l'auteur. Conventions au sujet desquelles je félicite
l'éditeur d'avoir fourni un marque-page reprenant les noms des
personnages.
* (3) En particulier lorsque le scribe nous parle de ces squelettes habillés de chair, puis dévêtus de même, par la grâce du vent créateur