Manuel Garcia O'Kelly est le meilleur informaticien de Luna City. C'est à lui que l'on confie l'entretien de MYCROFT, dit Mike, le superordinateur chargé de gérer la quasi-totalité des systèmes de survie de la colonie pénitentiaire. La Lune est en effet peuplée de détenus ou de leurs descendants, envoyés là par la Terre sans aucun espoir de retour. D'autant que Mike prédit la disparition de la colonie lunaire à plus ou moins brève échéance. Il ne reste plus aux Lunatiques qu'à se rebeller contre l'autorité terrienne. Et, aidé par son ordinateur devenu une entité consciente, Manuel va se retrouver, bien malgré lui, à la tête de la révolte. Une révolte? Non, une révolution. Quatrième des romans de Robert Heinlein à avoir obtenu le prix Hugo, Révolte sur la Lune est un grand roman de science-fiction, mêlant habilement histoire, science, réflexion politique et aventure.

Review

"Mannie, mon meilleur ami", cette phrase est un peu le refrain de ce roman assez curieux qui raconte comment la Lune et ses habitants, les lunatiques, choisissent un jour l'indépendance vis-à-vis de la Terre, et surtout comment ils réussissent, après des années d'un long et difficile combat, à obtenir cette indépendance.
Note préalable : comme c'est un bouquin qui date de bien avant ma naissance, et fait partie de l'histoire du genre, je considère que vous l'avez déja lu et ne vais donc pas me gêner avec les spoilers.
Ce roman se divise en trois parties, pendant lesquelles Mannie (notre électronicien héros) va tout d'abord créer un mouvement révolutionnaire, puis va aller convaincre les terriens du bien-fondé de leur indépendance, avant finallement d'entamer les opérations guerrières d'une manière assez stupéfiante.
Dans la première partie, on découvre aussi et surtout Max - enfin, Mycroft, Simon, et tous les autres - l'ordinateur conscient qui rendra tout ça possible. Je ne sais pas si link:../authors/2917920.html[Heinlein Ken Liu] l'a fait exprès, mais son idée d'intégrer un Deus Ex Machina dès les premières pages de cette histoire a quelque chose d'assez tranquillement assumé. ca sonne un peu comme si il nous disait "eh, les mecs, c'est de la sf, je fais ce que je veux, non ? Si j'ai besoin d'un ordinateur conscient, je ne vais pas me gêner pour en mettre un !". Et je trouve qu'il a raison, puisque ça le libère des contraintes habituelles de ce genre de récit : pas de trahison, pas de retournements d'espions ou de membres influents, juste le déroulement logique d'un complot où les comploteurs contrôlent toutes les communications.
Ce qui est bien, c'est que ça donne également beaucoup de possibilités à l'auteur pour nous décrire son étrange civilisation lunaire, remplie d'unions étranges (qui me font furieusement penser à link:9782070426843.html[Parade nuptiale]) et de règles sociales permettant à tous ces habitants, anciens déportés, de vivre ensemble. Et c'est précisément ce genre de détails qui font tout le sel d'une bonne histoire, puisqu'au lieu de nous parler simplement de cette révolte, link:../authors/2917920.html[Heinlein Ken Liu] en profite pour nous faire toucher du pied la poussière lunaire, nous fait rentrer dans leurs terriers, et ça c'est bien.
Bon, après, c'est un peu moins fameux.
Parce que quand la révolution commence vraiment, l'hommage que fait link:../authors/2917920.html[Heinlein Ken Liu] à son 4 juillet national est réellement très appuyé.
Le voyage sur Terre de ses deux héros a lui aussi un petit côté "dommage" : pas parce qu'il manque de réalisme, mais plus parce que la narration le présente de manière peut-être inconsciente comme une espèce de parenthèse inutile.
En fait, tout ça n'est à mon sens qu'un moyen pour l'auteur de présenter ce qui fut peut-être à la sorite de ce roman son apothéose, mais qui a maintenant des relents assez sinistres : le bombardement de la Terre par ses dizaines de cailloux. Tout le monde dans ce roman semble trovuer ça pas très grave. Pourtant, je ne peux m'empêcher des conséquences de ce truc, pas seulement à court terme ("juste" quelques dizaines de milliers de morts) mais aussi (et surtout) à long terme. Parce qu'après tout, l'une des hypthèses les plus communément admises concernant l'extinction des dinosaures est précisément le bombardement de météorites qui aurait provoqué un assombrissement significatif du ciel. Alors, pourquoi ce bombardement depuis la Lune n'aurait-il pas les mêmes conséquences ?
En fait, c'est un assez fascinant raccourcir de ce que je pense des romans d'link:../authors/2917920.html[Heinlein Ken Liu] : socialement très bien faits, politiquement parfaits (pas au sens d'une opinion politique acceptable, plus au sens de l'exploration complète d'une doctrine politique parfois inacceptable), mais souvent assez limite du point de vue des conséquences des romans. Mais peut-être n'est-ce là qu'un reflet de la littérature de l'époque, où la SF en tant que genre se voulait clairement une littérature de distraction (ce qu'elle est encore aujourd'hui) mais pas encore ujne littérature de réflexion.
En tout cas, ça reste un très bon bouquin, rempli de belles femmes, de réflexions intelligentes sur ce qui fait une société viable, et sur l'intérêt de l'anarchisme réfléchi.