Né du rêve d'un conquérant, le Vieux Royaume n'est plus que le souvenir de sa grandeur passée... Une poussière de fiefs, de bourgs et de cités a fleuri parmi ses ruines, une société féodale et chamarrée où des héros nobles ou humbles, brutaux ou érudits, se dressent contre leur destin. Ainsi Benvenuto Passassin trempe dans un complot dont il risque d'être la première victime, Ædan le chevalier défend l'honneur des dames, Cecht le guerrier affronte ses fantômes au milieu des tueries... Ils plongent dans les intrigues, les cultes et les guerres du Vieux Royaume. Et dans ses mystères, dont les clefs se nichent au plus profond du cœur humain...

Jean-Philippe Jaworski met une langue finement ciselée au service d'un univers de fantasy médiévale d'une richesse rare. Entre rêves vaporeux et froide réalité, un moment de lecture unique. Janua vera a été récompensé par le prix du Cafard cosmique 2008.

Table :
- Janua vera
- Mauvaise donne
- Le service des dames
- Une offrande très précieuse
- Le conte de Suzelle
- Jour de guigne
- Un amour dévorant
- Le confident

Review

Dans ce recueil de nouvelles, l'auteur nous parle d'un monde moyen-âgeux qui aurait pu exister, et à sans doute existé dans l'esprit de certains.
Dans ce moyen-âge, la magie a existé. Et si les magiciens ne sèment pas directement la désolation, le monde est encore plein des échos de leurs combats.
Dans ce moyen-âge, on croit aussi en un dieu des morts, pas forcément joyeux, mais quand même puissant.
Et dans ce moyen-âge, les personnages se posent beaucoup de questions, souvent de sombres ruminations sur un monde sans espoir.
Et c'est bien, mais alors c'est bien.
D'accord, la première nouvelle est simplement moyenne. Mais en avançant dans le roman, la qualité progresse pour atteindre (de mon point de vue personnel) un sommet avec "le conte de Suzette" qui a bien failli m'arracher des larmes (oui, depuis Thomas le Rimeur, j'avoue sans peine mes émois de midinette).
Plusieurs choses donnent toute sa qualité à ce recueil.
D'abord, l'auteur maîtrise sacrément bien la langue française et le vocabulaire du moyen-âge, ce qui donne une bonne dose de réalisme quand il nous décrit un lieu ou un personnage.
Ensuite, il a su écrire ces nouvelles avec un sens très fin de ce que pouvait être la vie dans notre moyen-âge, pour mieux la transposer à son moyen-âge. Et ça aussi, ça nous aide beaucoup à nous plonger dans ces récits, pas forcément faciles.
Enfin, ses nouvelles ont une nuance contemplative qui leur donne toute leur profondeur. Bien sûr, il y a quelques combats (surtout quand le personnage principal de la nouvelle est un chevalier ou un barbare) mais dans tous les cas, le coeur de ces nouvelles n'est pas le monde extérieur, toujours cruel, mais le monde intérieur d'un personnage, qu'on va suivre pour une journée ou pour la vie, mais toujours en suivant avec beaucoup de finesse les méandres de ses pensées.
Et c'est sans doute ça qui fait de ce recueil une aussi bonne lecture, que je vous recommande fortement.